Les portables du chef de l’État, de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et de quatorze ministres ont été la cible du logiciel espion Pegasus et sont susceptibles d’avoir été infectés.
Réunis au sein d’un consortium, appelé « Projet Pegasus », Forbidden Stories et Amnesty International, en partenariat avec 17 médias, révèlent depuis dimanche (18 juillet) les secrets bien gardés de la firme israélienne NSO qui met à disposition un logiciel d’espionnage très sophistiqué, pour le compte d’une dizaine de gouvernements et dans un cadre légal un peu douteux.
Hier, on apprenait que les numéros d’Emmanuel Macron et de nombreux membres de son gouvernement en 2019 figuraient sur la liste 50 000 numéros de téléphone que NSO proposerait à ses clients. Il est pour l’heure impossible d’affirmer si ces appareils ont bel et bien été infectés.
Le logiciel Pegasus s’introduit de manière insidieuse dans les terminaux, sans que son propriétaire ait besoin de cliquer sur un quelconque lien, et nécessite une analyse minutieuse pour être détecté. On sait en revanche qu’il permet de siphonner le contenu du téléphone et d’allumer le micro et la caméra à distance.
Contacté par EURACTIV, l’Élysée a indiqué que « si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves » et que « toute la lumière sera faite ».
L’exécutif français n’est d’ailleurs pas le seul à être visé. Amnesty International a révélé que 14 chefs d’État ont été sélectionnés comme personnes d’intérêts par les clients de NSO Group, dont le Pakistanais Imran Khan et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, ainsi que des centaines de responsables gouvernementaux.*
Tous les yeux se tournent désormais vers le Maroc, déjà mis en cause par les enquêtes du « Projet Pegasus » pour avoir mis sur écoute de nombreux journalistes français.
« Nous déposons plainte auprès du procureur de la République de Paris », a annoncé Médiapart dans un article, « au nom de notre journal, de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel », les deux principaux concernés. Dans les deux cas, Pegasus a été « actionné par des services secrets marocains », peut-on lire.
Le Maroc nie jusqu’à présent figurer parmi les clients de l’entreprise israélienne qui, de son côté, dénonce « des hypothèses erronées et des théories non corroborées qui soulèvent des doutes sérieux sur la fiabilité et l’intérêt des sources ».