L’accord UE-ACP ne fait pas l’unanimité

Les négociations visant à trouver un successeur à l’accord de Cotonou, signé entre l’UE et les pays ACP en 2000, ont débuté en 2019 et abouti à un accord en 2021. Toutefois, deux ans de plus se sont écoulés, suite à la réticence de la Hongrie et de la Pologne de ratifier le nouvel accord. [Union européenne]

Cette semaine, l’UE a enfin conclu un nouvel accord qui met à jour ses relations avec la communauté des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), mais le fait que 35 de ces pays aient refusé de le signer remet en question son efficacité.

Les négociations visant à trouver un successeur à l’accord de Cotonou, signé entre l’UE et les pays ACP en 2000, ont débuté en 2019 et abouti à un accord en 2021. Toutefois, deux ans de plus se sont écoulés, suite à la réticence de la Hongrie et de la Pologne de ratifier le nouvel accord.

Ce nouvel accord doit constituer un cadre légal, courant sur 20 ans, qui régira les relations entre les 27 États membres de l’UE et 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.

Cependant, lors de la cérémonie de signature officielle qui se tenait aux îles Samoa mercredi (15 novembre), 35 pays ACP ont refusé de signer l’accord qui entrera provisoirement en vigueur en janvier 2024.

Parmi ceux qui refusent de signer, on compte 20 pays du continent africain, 9 pays des Caraïbes et 6 pays du Pacifique.

Les reports répétés ont été une source croissante de frustration pour les responsables politiques de l’UE. Beaucoup craignaient que l’incapacité du bloc à ratifier l’accord soit perçue comme de la mauvaise volonté de la part de ses partenaires.

La commissaire européenne aux Partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, a déclaré qu’elle était « satisfaite » que les longues négociations se soient soldées par un « succès ».

L’UE considère l’accord comme un symbole important des relations diplomatiques de l’Union européenne avec les pays ACP, et en particulier avec les États africains. En effet, bon nombre d’entre eux sont en désaccord avec les positions de l’UE concernant la guerre menée par la Russie en Ukraine ainsi que la guerre dans la bande de Gaza.

« Après de nombreux retards, il est maintenant crucial que le nouvel accord soit mis en place rapidement, car il y a un besoin urgent de renforcer la coopération multilatérale face à une instabilité géopolitique croissante et à des défis mondiaux sans précédent », a commenté Tomas Tobé, le président de la commission du Développement au Parlement européen.

La Pologne a longtemps refusé de signer l’accord pour protester contre certaines dispositions en faveur de la non-discrimination, des droits LGBTQIA+ et de l’égalité de genre. Plusieurs pays africains avaient également déjà fait part de leur réticence à ratifier l’accord en raison de ses clauses relatives à la non-discrimination qui, selon eux, encouragent l’homosexualité.

D’autres critiques de l’accord de Samoa dénoncent l’insuffisance du texte en termes de contenu.

L’accord créera trois nouvelles assemblées parlementaires pour chacun des trois blocs régionaux des ACP, mais les relations commerciales resteront inchangées et il n’y aura plus de programme d’aide associé à l’accord.

Par contre, l’accord établit des « principes communs » dans des domaines clés tels que les droits humains, le dérèglement climatique et les migrations.

« Nous espérons que les pays ACP qui n’ont pas encore signé l’accord aujourd’hui le feront d’ici la fin de l’année », a déclaré Lisa Goerlitz, directrice du bureau de Bruxelles de la DSW, une ONG allemande spécialisée dans la santé sexuelle et reproductive des populations.

« Il est maintenant impératif que l’UE et les pays ACP traduisent leurs engagements en actions concrètes, en impliquant les jeunes et les organisations de la société civile dans la réalisation d’objectifs communs », a ajouté Mme Goerlitz.

Le traité UE-ACP peut enfin être ratifié après l’abandon du veto de la Pologne

La Pologne a confirmé jeudi qu’elle approuvait le nouveau traité de l’UE avec les États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), ce qui a mis fin à plus de deux ans de retard dans la ratification de l’accord.

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