Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a reconnu mardi (12 septembre) qu’en dépit de millions d’euros dépensés au Sahel, les Européens avaient échoué à renforcer la démocratie dans cette région, victime d’une série de coups d’État militaires, dont le dernier au Niger.
Au cours des dix dernières années, l’Union européenne a dépensé 600 millions d’euros dans des missions civiles et militaires au Sahel, entraîné quelque 30 000 membres des forces se sécurité au Mali et Niger, et 18 000 effectifs militaires, a indiqué M. Borrell lors d’un débat au Parlement européen à Strasbourg.
« Cela n’a pas servi à consolider des forces armées qui soutiennent le gouvernement démocratique », mais plutôt des forces armées « qui les renversent », a-t-il pourtant reconnu.
Dans ce contexte, la mission militaire au Niger n’a « pas un grand avenir », a-t-il reconnu.
M. Borrell s’est néanmoins efforcé de défendre l’action des Européens au Sahel (Mauritanie, Tchad, Burkina Faso, Niger, Mali et Sénégal), dénonçant au passage la désinformation russe dans cette partie de l’Afrique.
« Ne nous auto-flagellons pas et surtout ne commençons pas à culpabiliser un des pays de l’UE, qui est dans la tête de tout le monde », a déclaré M. Borrell, dans une référence explicite à la France.
Le Sahel reste une région « stratégique » pour la sécurité de l’Europe et le contrôle des migrations, a-t-il insisté.
Au Niger, les flux migratoires ont été réduits de 75 % depuis 2016, a-t-il fait valoir, avertissant qu’il ne fallait guère compter sur le nouveau régime militaire pour se « préoccuper » de ces problèmes.
Interrogé sur ce que pouvaient faire les Européens, M. Borrell a insisté sur la nécessité de ne « pas abandonner » le Sahel, et de soutenir les efforts de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en particulier au Niger. Concernant ce pays où l’armée a pris le pouvoir le 26 juillet, il a préconisé des « sanctions personnelles » contre les responsables du coup d’État.
L’UE ne pourra travailler correctement qu’une fois la sécurité restaurée dans cette région du monde, a-t-il également expliqué.
« Si 80 % du territoire est contrôlé par les terroristes au Burkina Faso, si des centaines de milliers d’enfants ne vont pas à l’école parce que les terroristes les ont fermées ou ont tué les maîtres, c’est difficile de dire à l’Europe qu’est-ce que vous faites ? », s’est-il ainsi interrogé.
Depuis 2020, le Mali, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger ont été victimes de coups d’État militaires.