Des agriculteurs appellent à la reconnaissance de l’Indice de Régénération dans la future PAC

Pour faire face aux effets du dérèglement climatique et garantir la souveraineté alimentaire de la France, « notre seule chance est de régénérer les sols cultivés et les écosystèmes agricoles », selon Pour une agriculture du vivant. [MEE KO DONG/Shutterstock]

La transition agro-écologique est nécessaire, mais les pratiques pour verdir l’agriculture sont multiples, soutient le mouvement Pour une agriculture du vivant. Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Agriculture, ses membres exigent la reconnaissance de l’Indice de Régénération comme voie d’accès à l’éco-régime dans le cadre de la future PAC.

« La prochaine Politique Agricole Commune sera la PAC de la dernière chance », soutiennent les signataires (agriculteurs, scientifiques, partenaires privés, élus et représentants institutionnels) de la lettre ouverte adressée à Julien Denormandie par Pour une Agriculture du Vivant – mouvement dont le but principal est d’« accélérer la transition alimentaire et agricole » en développant notamment l’agronomie « vers les sols vivants » et en structurant les filières agroécologiques.

Pour faire face aux effets du dérèglement climatique et garantir la souveraineté alimentaire de la France, « notre seule chance est de régénérer les sols cultivés et les écosystèmes agricoles », soutiennent les membres du mouvement : en stockant par exemple du carbone dans les sols, en restaurant la biodiversité et en s’engageant vers l’agroécologie.

Autant de « services » que l’agriculture peut rendre pour l’environnement et les grands enjeux du moment – mais qui « doivent être reconnus par la société et soutenus en priorité par les politiques », soutient Pour une Agriculture du Vivant dans sa lettre ouverte. Avec à la clé l’éco-régime, ce paiement direct auquel pourront prétendre, dans le cadre de la future PAC, les agriculteurs engagés dans le verdissement de leurs pratiques.

Un soutien financier dont profiteront notamment les exploitants possédant une certification Agriculture Biologique (AB) ou Haute Valeur Environnementale (HVE). Mais si ces pratiques auraient « évidemment leur intérêt », ils partageraient aussi une « limite commune », regrettent les signataires de la lettre : « ils n’intègrent qu’une partie de l’agroécologie telle qu’elle existe sur le terrain ».

Un modèle agroécologique et souverain à l'horizon 2050 est possible, selon une étude du CNRS

L’agroécologie serait compatible avec la souveraineté alimentaire, selon une étude du CNRS publiée vendredi (18 juin). L’une des conditions : réduire la consommation globale de viande en Europe.

« L’agroécologie ne saurait être réduite à une liste de pratiques » et « aucun label existant ne peut se targuer d’être le label agroécologique », soutient le mouvement. Car les voies de progrès seraient « multiples » et, surtout, très individuelles : « chaque système se construit dans un écosystème vivant en constante évolution, avec une combinaison unique de paramètres ».

Raison pour laquelle le mouvement appelle le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation à reconnaître l’Indice de Régénération comme une voie d’accès possible au futur éco-régime. Cet outil, créé par des scientifiques, des agriculteurs et des techniciens agricoles, permettrait d’« évaluer objectivement le niveau agroécologique des fermes et leur progression, et ce quel que soit leur label ou absence de label ».

En évaluant les fermes « non pas sur ce qu’elles sont, mais sur ce qu’elles font » pour atteindre la transition agroécologique, l’Indice de Régénération, s’il était reconnu par les politiques publiques, pourrait « offrir au producteur une impulsion et un moyen de progresser en lui laissant la liberté des choix pour parvenir au résultat » tout en créant « un contrat de confiance, d’information, de progrès et de solidarité tout au long de la filière ».

Cet appel intervient alors que la déclinaison concrète de l’éco-régime reste au cœur des clivages en France. Les arbitrages du Plan Stratégique National présentés par Julien Denormandie fin mai avaient suscité de vives critiques de la part des agriculteurs biologiques, justement : alors que le ministre de l’Agriculture souhaiterait que l’éco-régime soit « simple » et « accessible à tous », la filière bio craint que des pratiques peu ambitieuses en matière environnementale seront récompensées par ces paiements verts. La plateforme Pour une autre PAC avait jugé les choix du ministre « irresponsables » en vue du défi climatique.

Les arbitrages du ministre de l'Agriculture en vue de la future PAC sèment la controverse

Avec sa déclinaison nationale de la prochaine Politique agricole commune, Julien Denormandie fait le choix de la consolidation. « Soulagement » pour les syndicalistes, l’annonce du ministre est sous le feu des critiques pour son manque d’ambition en matière sociale et environnementale.

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