Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a affirmé mardi (12 septembre) qu’il ne voulait pas « envoyer de signaux hostiles à l’Ukraine » alors que les professionnels français de la volaille le pressent d’intervenir contre le « déferlement » de poulets ukrainiens sur le marché français.
En solidarité avec le pays en guerre avec la Russie, l’Union européenne a suspendu les droits de douane avec l’Ukraine, rendant les poulets que le pays continue à produire encore plus compétitifs.
Selon l’interprofession française de la volaille Anvol, les volumes de viande de poulet arrivant directement d’Ukraine en France ont augmenté de 75% sur six mois.
Mardi, au premier jour du salon des productions animales (Space) à Rennes, le président de l’Anvol et éleveur Jean-Michel Schaeffer a appelé le ministre Marc Fesneau à activer un mécanisme européen, une clause de sauvegarde, pour empêcher la poursuite de ces importations « à droit nul et sans limite de volume ».
« On est tous solidaires du peuple ukrainien », a-t-il ajouté. Toutefois, selon l’Anvol, la suspension des droits de douane déstabilise la production européenne et profite avant tout « à un seul et même groupe industriel » actif en Ukraine, MHP, « coté en bourse à Londres et dont le siège est basé à Chypre ».
« Je ne veux pas envoyer de signaux hostiles à l’Ukraine », a répondu Marc Fesneau, affirmant que l’activation de la clause de sauvegarde pourrait être assimilée à un « acte d’hostilité ».
« Avant de prendre une position définitive », il a aussi dit vouloir établir dans quelle mesure la suspension des droits de douane « déstabilise ou pas le marché ».
Un poulet sur deux consommé en France est importé, « le fait ne date pas de la guerre en Ukraine », a-t-il poursuivi, notant que la hausse des importations était aussi due à la baisse de l’offre française du fait de l’épizootie de grippe aviaire qui a contraint d’abattre des volailles et de laisser des élevages vides pendant une période prolongée.
Pour un autre produit agricole, les céréales, d’autres membres de l’Union européenne ont obtenu des dérogations : en avril, l’UE a autorisé la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, à interdire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens sur leur territoire, à condition qu’ils n’empêchent pas le transit vers d’autres pays.
Les agriculteurs de ces pays attribuaient à ces importations la chute des prix sur leurs marchés locaux.
Ces cinq États ont demandé que ces interdictions, qui expirent vendredi, soient prolongées. La Pologne a d’ores et déjà annoncé la prolongation unilatérale de cette interdiction, Kiev se disant prêt à saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour exiger une compensation de Varsovie.