Cet article fait partie de l'édition spéciale Agriculture européenne : où sont les femmes ?.
L’obtention d’un prêt pour se lancer dans l’agriculture est le principal problème auquel sont confrontés les jeunes agriculteurs roumains, surtout lorsqu’ils n’ont pas de garanties. Un article d’Euractiv Roumanie.
Mihai Petre n’avait que 20 ans lorsqu’il a commencé son projet financé par l’UE, mais il n’était pas un nouveau venu dans le secteur agricole. Étudiant en agronomie à Bucarest, il travaillait déjà dans l’entreprise agricole de sa famille lorsqu’il a décidé de créer une champignonnière.
Il a vite découvert que la partie la plus difficile n’était pas d’obtenir une subvention de 200 000 euros de fonds européens, mais de trouver une banque pour financer ses premiers pas, car son jeune âge était considéré davantage comme un handicap que comme un avantage.
« J’avais de très bonnes relations avec les consultants et les autorités roumaines, mais, faute de fonds suffisants, j’ai tenté d’obtenir un prêt bancaire. Et j’ai découvert qu’aucun banquier n’était prêt à me financer en raison de mon [jeune] âge et de l’absence d’antécédents en matière de crédit », a déclaré Mihai Petre à Euractiv Roumanie.
Difficultés d’accès au crédit
Le jeune agriculteur a finalement trouvé une banque prête à le financer, mais seulement grâce à l’aide de son père et à la mise en hypothèque du terrain de la champignonnière. Le projet a malheureusement été retardé. « Il devait être opérationnel dans les six mois ou l’année au plus, mais la période de mise en œuvre a été retardée », explique-t-il.
Cependant, deux ans plus tard, le projet semble entrer dans sa dernière phase : la production devrait commencer au printemps et le jeune entrepreneur est déjà à la recherche de financement pour une usine de transformation de légumes et de champignons.
Contrairement au financement de la champignonnière, l’argent ne proviendra cependant pas du Programme national de développement rural, mais probablement du programme Start-up Nation lancé par le gouvernement roumain pour aider les entreprises dans leurs premiers pas.
Mihai Petre espère profiter de la prochaine Politique agricole commune (PAC), étant donné que les fonds du programme actuel de développement rural sont en grande partie épuisés. « Le premier projet est le plus difficile, les suivants seront plus faciles. J’attendrai les fonds de l’après-2020 », ajoute-t-il.
Le budget de la PAC jouera un rôle clé dans la réalisation de ces objectifs, mais son niveau futur est incertain car les États membres discutent encore des priorités budgétaires de l’UE pour la période 2021-2027.
La Roumanie devrait recevoir plus de 20 milliards d’euros pour la période 2021-2027, mais les autorités locales ne sont pas satisfaites de la proposition de la Commission. Si les agriculteurs roumains ne verront pas leurs paiements directs réduits, il y aura moins d’argent pour le développement rural, ce qui inclut l’aide aux jeunes agriculteurs. Et ce, malgré le fait que le renouvellement générationnel dans le secteur est considéré comme l’une des neuf priorités de la PAC post-2020.
40 % des agriculteurs au dessus des 50 ans
L’installation de jeunes agriculteurs roumains est essentielle, étant donné que plus de 40 % des agriculteurs du pays ont 50 ans ou plus. « Le remplacement des générations dans le secteur agricole suscite un grand intérêt », a déclaré il y a quelques mois le ministre roumain de l’Agriculture, Petre Daea. « Nous tous qui travaillons dans le secteur agricole avons une grande satisfaction lorsque les jeunes se lancent. »
Selon une enquête menée par la Commission européenne à l’échelle de l’UE, l’argent n’est pas le principal problème des jeunes agriculteurs, fait remarquer Elvira Bakker, de la DG AGRI. Lors d’un événement organisé par Euractiv à Bucarest fin 2018, le fonctionnaire de la Commission a déclaré qu’il y avait de nombreux problèmes dus au manque de garanties, à l’accès aux terres ou aux systèmes fiscaux.
« C’est pourquoi nous avons demandé à chaque pays d’inclure dans ses plans nationaux une stratégie pour les jeunes agriculteurs et le changement générationnel dans l’agriculture », a-t-elle assuré.
Les jeunes agriculteurs roumains sont aussi confrontés à un fardeau administratif conséquent. « Il y a beaucoup de paperasserie… Pour nous, qui vivons dans de petits villages, il est difficile de s’adresser aux autorités fiscales, de créer une entreprise, de faire enregistrer […] Beaucoup de jeunes qui vivent dans les zones rurales changent d’avis », selon Culina Apetroae, une jeune agricultrice qui a reçu une subvention de l’UE de 30 000 euros pour installer sa ferme dans le comté de Galati, dans l’est de la Roumanie.