Une étude publiée dans le journal Nature Sustainability montre que l’analyse de cycle de vie (ACV) n’est pas un bon instrument pour évaluer l’impact sur l’environnement de produits issus de l’agriculture. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
Face à deux produits alimentaires, pas toujours facile de faire un choix éclairé. Dans les rayons, les indicateurs se font rares. Et lorsqu’ils existent, ils s’avèrent souvent biaisés, en omettant de prendre en compte certains impacts sur l’environnement. Dans le cas de l’ACV, l’indicateur le plus répandu, les écueils sont tels qu’ils montrent son inefficacité dans le domaine alimentaire, concluent les travaux réalisés par des chercheurs français (Inrae), danois et suédois.
Premier et principal écueil : l’ACV ne prend quasiment jamais en compte les impacts d’un produit sur la biodiversité. Un oubli gênant pour une exploitation en bio, qui abrite pourtant une diversité biologique (nombre d’espèces) 30 fois plus importante qu’une ferme cultivée en conventionnel.
Si l’ACV prend en compte les impacts tout au long de la chaîne — et pas seulement sur le site d’exploitation — elle oublie aussi d’évaluer les conséquences du recours aux pesticides (toxicité et perte de la biodiversité).
Un problème de mesure
Autre problème : l’ACV se mesure in fine en unité de produits (par kilogramme de viande ou litre de lait par exemple) alors que les services rendus par l’agriculture biologique s’évaluent plutôt au regard de la superficie (hectare de terre par exemple).
Dans un système ACV, un hectare de terre n’est qu’une ressource comme une autre, au même titre qu’une énergie fossile. Les chercheurs rappellent pourtant le consensus scientifique selon lequel l’agriculture bio présente moins d’impacts pour l’environnement que la conventionnelle, par unité de terre cultivée. Les pertes sont moindres pour la biodiversité, ainsi que la contamination des sols, de l’eau, de l’air et de l’alimentation. Un atout que ne permet pas d’afficher l’ACV. Dans un système regardant l’unité de produit fini, l’agriculture biologique accuse ainsi un sérieux handicap. Avec un rendement moindre, elle nécessite davantage de terres cultivées pour produire une même quantité.
Impasse sanitaire
Autres impasses : la qualité nutritionnelle des produits bio est totalement éludée par une ACV, tout comme les bienfaits sur la santé. Des bienfaits pourtant prouvés par plusieurs études scientifiques : moins d’eczéma, d’obésité, d’hypertension, pour n’en citer que quelques-uns. Exit aussi les préoccupations liées au bien-être animal et les impacts indirects liés au changement d’affectation des terres, qui sont pourtant importants sur le climat…
Indicateurs plus fins
En conclusion, les chercheurs proposent de faire évoluer les indicateurs actuels, en ajoutant le critère de la dégradation de l’état des sols (érosion, compaction, salinisation et perte de matière organique), des services écosystémiques (qualité de l’eau, bien-être animal) et des effets indirects (dont la valorisation ou non des déchets agricoles).