L’UE veut imposer des droits de douane sur les céréales russes

Les droits de douane sur les produits alimentaires en provenance de Russie et de Biélorussie « devraient logiquement contribuer » à sortir de l’impasse sur les avantages commerciaux de l'Ukraine, a déclaré le diplomate. [EPA/sandsun]

La Commission européenne a proposé d’augmenter les droits de douane sur les importations de céréales et d’huiles russes et biélorusses afin à la fois de ne pas déstabiliser le marché européen, de ne pas financer l’agression russe contre l’Ukraine et d’essayer de calmer les manifestations à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne.

Cette mesure est réclamée depuis des mois par les États baltes et a été plus récemment soutenue par la République tchèque et la Pologne, où les agriculteurs bloquent les frontières de l’Ukraine depuis des mois.

Kiev soutient l’initiative. « L’accès de la Russie au marché agricole européen est toujours illimité », a reproché le président ukrainien Volodymyr Zelensky aux dirigeants de l’UE réunis à Bruxelles les 21 et 22 mars.

« Pendant que des céréales ukrainiennes sont jetées sur les routes ou les voies ferrées, comme cela a été le cas en Pologne, des produits russes continuent d’être acheminés vers l’Europe » et « c’est injuste », a-t-il ajouté.

La mesure n’affectera pas les produits actuellement en transit, conformément à « notre engagement à préserver la sécurité alimentaire mondiale, en particulier pour les pays en développement », a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un communiqué de presse.

La proposition devrait être adoptée par le Conseil de l’UE à la majorité qualifiée.

En fonction du produit concerné, la Commission souhaite porter les droits de douane à 95 euros par tonne ou à 50 % de la valeur des céréales, des huiles et des produits qui en sont dérivés. La plupart de ces denrées (par exemple le maïs, le blé dur et les huiles végétales) bénéficient actuellement de droits nuls ou quasi nuls.

Les droits de douane « sont conçus pour être suffisamment élevés pour décourager les importations actuelles » en provenance de Russie et de Biélorussie, selon des représentants de la Commission.

Entre juillet 2023 et janvier 2024, les importations de céréales russes dans l’UE ont augmenté, et les importations mensuelles ont toutes été supérieures à la moyenne des cinq dernières années.

Faible impact attendu sur le marché et les prix

La proposition sur les droits de douane n’aura pas « d’impact majeur » sur le marché de l’UE, selon des fonctionnaires de la Commission. Cela signifie que l’initiative ne fera pas grand-chose pour éliminer l’un des principaux problèmes des importations ukrainiennes — le niveau des prix des céréales, le plus bas depuis 2020.

Le Parlement européen a demandé de recourir au système d’achat public de céréales pour les retirer du marché, mais cela n’a pas été retenu, car les « coûts seraient probablement prohibitifs » si de grandes quantités étaient achetées, selon les fonctionnaires de la Commission.

Ces derniers ont également souligné que l’achat de petites quantités n’aurait pas d’impact significatif sur les marchés ni sur les revenus des agriculteurs.

À tire de comparaison, en 2023, l’UE n’a importé que 1,5 million de tonnes de céréales de Russie, soit une infime partie des 272 millions de tonnes de céréales produites dans l’UE la même année, selon les données de la Commission européenne.

Au cours des sept derniers mois, les principaux États membres importateurs de céréales russes ont été l’Italie (plus de 423 000 tonnes, principalement de blé dur), la Lettonie (263 000 tonnes, principalement de maïs) et l’Espagne (237 000 tonnes).

Une porte de sortir de l’impasse sur les avantages commerciaux pour l’Ukraine

La proposition pourrait contribuer à débloquer l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil sur le renouvellement des avantages commerciaux temporaires accordés à l’Ukraine.

« Elle devrait aider, mais il n’est pas sûr qu’elle soit suffisante », a déclaré un diplomate de l’UE à Euractiv.

Le 20 mars, le Parlement et le Conseil se sont mis d’accord pour renouveler la suspension temporaire des droits de douane et des taxes pour les marchandises en provenance de Kiev pour une année supplémentaire.

Le Parlement a approuvé l’accord, mais la France et la Pologne ont pris la tête d’un groupe d’États souhaitant reporter la décision au Conseil.

Parmi les raisons invoquées pour justifier cette position, figure le fait que l’accord n’incluait pas les céréales dans la liste des secteurs sensibles de l’UE, protégés de l’impact des importations ukrainiennes excessives.

Les droits de douane sur les produits alimentaires en provenance de Russie et de Biélorussie « devraient logiquement contribuer » à sortir de l’impasse, selon le diplomate.

Mais ce dernier a prévenu que « la question est devenue tellement politique qu’il est difficile de savoir ce qui se passera exactement ».

« Nous ne sommes pas loin d’un accord », a annoncé le président français Emmanuel Macron lors du sommet des dirigeants de l’UE le 22 mars.

Dans les conclusions du sommet des 21 et 22 mars, les dirigeants ont suggéré que les relations commerciales entre l’UE et l’Ukraine soient fixées par le biais d’un nouvel accord permanent.

Colère des agriculteurs : l’UE propose plus de flexibilité aux règles de la PAC pour 2024

Les mesures visant à assouplir certaines exigences environnementales de la politique agricole commune (PAC) de l’UE pourraient entrer en vigueur cette année, car le Parlement européen a accéléré l’approbation de la proposition de la Commission et les États membres ont largement soutenu l’initiative.

[Édité par Anna Martino]

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