Après le nutri-score et l’éco-score, c’est un nouveau projet de label qui a vu le jour en France, soutenu par 16 ONG et acteurs de la bio : le « planet-score », qui doit prendre en compte l’impact des produits alimentaires sur la santé, la biodiversité, le climat et le bien-être animal.
Les projets de scores abondent. Alors que le nutri-score a fait son apparition sur certains biens en 2019 et que les dirigeants de l’Union européenne ont approuvé, en principe, l’idée d’un label de bien-être animal sur les emballages de produits alimentaires en décembre dernier, différents acteurs se lancent également dans des initiatives privées, à l’exemple de l’éco-score, actuellement expérimenté en France.
Pour mieux informer les consommateurs de l’empreinte écologique des produits alimentaires, 16 ONG (des associations de consommateurs, de protection de l’environnement et de défense du bien-être animal, dont le WWF, Générations Futures et CIWF France) ainsi que des acteurs de la bio (comme la Fédération nationale d’agriculture biologique et Synabio) viennent d’annoncer leur soutien à un nouveau projet d’affichage environnemental, le planet-score.
Cette initiative répond à un appel à projets lancé l’an dernier par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et le ministère de l’Écologie dans le cadre de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire adoptée en février 2020. Pour rappel, l’article 15 de cette loi vise la création d’un affichage environnemental volontaire, après une expérimentation de 18 mois.
Un dispositif similaire est par ailleurs prévu dans le cadre du projet de loi climat, dont l’Article 1er vise à rendre obligatoire « un affichage destiné à apporter au consommateur une information relative aux impact environnementaux, au respect de critères sociaux et des droits humains dans la production et des objectifs de développement durable d’un bien » – le tout, également, après une phase d’expérimentation.
En réponse à la recherche d’un affichage pertinent, le collectif d’ONG et d’acteurs de la bio soutient donc l’idée du planet-score, proposé par l’Institut de l’Agriculture et de l’Alimentation biologiques (ITAB). « Fruit d’un travail basé sur l’indépendance et la transparence », le planet-score « englobe les principaux impacts environnementaux de la production agro-alimentaire », selon eux.
L’astuce : alors que l’affichage prévu notamment dans le cadre de la loi climat se base principalement sur l’Analyse du cycle de vie (ACV), le planet-score prend en compte des facteurs supplémentaires. Car si l’ACV mesure les effets sur l’environnement de toutes les étapes de la vie d’un produit, son utilisation seule « conduirait à favoriser les produits issus de productions et d’élevages intensifs » à cause du rapport impact/kilos produits. Selon les ONG, des pommes « boostées aux pesticides » seraient ainsi mieux notées que celles issues de l’agriculture durable.
Une lacune que le planet-scoire doit combler à l’aide d’indicateurs complémentaires : l’impact d’un produit sur la santé humaine à travers l’utilisation de pesticides ainsi que ses effets sur la biodiversité et le climat. Ces facteurs seraient non seulement pris en compte dans le calcul global du score – indiqué sous forme d’échelle multicolore semblable au nutri-score, du A vert au E rouge – mais aussi affiché séparément sur l’étiquette, tout comme une information complémentaire sur le bien-être animal.
« Solide » d’un point de vue scientifique, le format du planet-score serait « simple mais pas simpliste » et permettrait d’appuyer une « réelle transition agricole et alimentaire », soutiennent les ONG et représentants de la filière bio. L’idée d’un affichage à facteurs multiples plairait en outre aux consommateurs : selon une étude réalisée par le collectif, 80 % des personnes interrogées préfèreraient un score exhaustif aux indicateurs supplémentaires à une simple échelle de A à E.
Pour sa part, l’Ademe doit prochainement remettre un rapport évaluant les différentes modalités d’affichage proposées dans le cadre de son expérimentation au Parlement.
Si les choses avancent donc au niveau français, quid du niveau européen ? En 2013 déjà, la Commission européenne avait noté l’importance de « disposer de mesures et d’informations fiables et exactes sur la performance environnementale des produits » – mais elle avait aussi alerté sur la « prolifération actuelle de méthodes et d’initiatives » qui susciterait « la confusion et une certaine méfiance à l’égard des informations relatives à la performance environnementale ». Raison pour laquelle des méthodes communes devraient être utilisées pour mesurer et indiquer la performance environnementale des produits, avait-elle recommandée.
Une volonté qui se reflète également dans une nouvelle Initiative citoyenne européenne (ICE), enregistrée le 30 juin : celle-ci appelle à la création d’un éco-score européen unique pour éviter, justement, la confusion générée par la multiplication des initiatives privées. L’ICE va commencer à recueillir des signatures à partir du 23 juillet.