Les trois quarts des Allemands contaminés au glyphosate

De plus en plus de citoyens s'opposent au renouvèlement de l'autorisation du glyphosate.

Une grande majorité d’Allemands sont contaminés au glyphosate, un herbicide « probablement cancérigène » selon l’OMS, alors que la Commission appelle à un renouvellement de son autorisation dans l’UE. Un article d’EURACTIV Allemagne.

L’étude menée par la Fondation Heinrich Böll révèle une vérité inquiétante : 99,6 % des Allemands sont contaminés au glyphosate. L’herbicide très controversé est en outre présent en doses beaucoup trop élevées chez 75 % des 2 009 personnes étudiées.

Selon les résultats de l’étude, qui examinait les résidus de glyphosate dans l’urine, dans 75 % des cas, le taux d’herbicide est cinq fois plus élevé que le maximum autorisé dans l’eau. Pour un tiers de la population, les résultats sont encore plus effarants, avec entre dix et 42 fois le taux maximum autorisé.

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C’est chez les enfants et adolescents (jusqu’à 19 ans), que les taux les plus inquiétants ont été relevés, en particulier chez les enfants d’agriculteurs. Les végétariens et végétaliens présentent un niveau de glyphosate moins élevé que ceux des Allemands qui mangent de la viande.

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« L’enquête a confirmé les résultats de l’agence fédérale pour l’environnement : l’urine de la majorité de la population présente des résidus de glyphosate », explique Monika Krüger, vétérinaire à la retraite qui a supervisé l’étude. C’est l’analyse la plus large jamais menée sur le sujet.

Monika Krüger souligne l’importance de mener davantage d’études afin de comprendre réellement le lien entre l’exposition au glyphosate et certains problèmes de santé.

« Nous avons à présent tous été contaminés par du poison, il me semble donc évident que l’autorisation [du glyphosate] ne devrait pas être renouvelée jusqu’à 2031 », estime Harald Ebner, spécialiste des politiques d’ingénierie génétique et de bioéconomie pour le parti des Verts.

Renouvèlement

L’autorisation d’utilisation du glyphosate expire le 30 juin et le Conseil se prononcera sur son renouvèlement lors du sommet des 7 et 8 mars. La Commission européenne s’est prononcée en faveur d’un renouvèlement de l’autorisation d’utiliser du glyphosate dans l’UE.

Certaines personnalités politiques, comme Jean-Luc Mélenchon, Michèle Rivasi ou José Bové, se sont opposées au renouvèlement de l’autorisation. Une pétition a été lancée pour stopper le renouvèlement de l’autorisation.

Des analyses scientifiques sont toutefois encore en cours. Une étude est en effet menée par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) collabore avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour en conduire une autre. Harald Ebner appelle Christian Schmidt, ministre allemand à l’Agriculture, et Barbara Hendricks, ministre à l’Environnement, à s’opposer au projet de la Commission.

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Maria Krautzberger, présidente de l’agence fédérale pour l’environnement (UBA), n’a pas été surprise par les résultats de l’étude et souligne que l’UBA était arrivé aux mêmes conclusions lors d’une étude d’ampleur plus modeste. La présence de glyphosate dans l’urine des citoyens n’est en effet pas surprenante, étant donné l’utilisation intensive de l’herbicide. L’UBA souhaite également que d’autres recherches soient effectuées, étant donné que l’UE devrait interdire l’utilisation de pesticides contenant des substances « probablement cancérigènes ».

L’institut fédéral d’évaluation des risques (BfR) estime cependant que l’évacuation rapide du pesticide le rendait inoffensif, malgré les taux catastrophiquement élevé.

« La Commission européenne persévère dans des décisions qui jettent le discrédit sur nos institutions », estime l’eurodéputée Michèle Rivasi, qui souligne que le glyphosate est classé par l’OMS comme « probablement cancérigène » et qu’il induit des perturbations endocriniennes nocives pour la santé. Elle qualifie les critères de décision de la Commission de « scientifiquement douteux et opaques ». « Ni la condamnation de la Cour de justice de l’UE contre la Commission pour ne pas avoir défini des critères encadrant les perturbateurs endocriniens ni le principe de précaution ni la santé publique ne semblent faire le poids pour contrecarrer l’influence de l’industrie chimique. »

« L’UE a beau jeu de se targuer d’être à la pointe de la législation environnementale et de protection de la santé. Rappelons au passage que le RoundUp, l’herbicide de Monsanto comprenant du glyphosate, est en passe d’être étiqueté « cancérigène  » en Californie. Manifestement , comme pour le Diesel, le glyphosate serait cancérigène pour les Californiens, mais inoffensif pour les Européens », raille-t-elle.

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