Le changement climatique rend les catastrophes naturelles de plus en plus courantes dans les pays en développement. La ministre de l’Environnement allemande, Barbara Hendricks, veut que le G7 se penche sur les politiques d’assurances, une alternative à l’aide humanitaire. Un article d’EURACTIV Allemagne.
L’année 2015 est un rendez-vous fatidique pour les objectifs de développement et de climat de la communauté internationale. En septembre, les membres de l’ONU s’accorderont sur de nouveaux objectifs de développement durable (ODD). En décembre, les délégués participant à la conférence de Paris pour le climat tenteront d’élaborer un accord contraignant afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre après 2020 et de maintenir le réchauffement sous le seuil critique des 2°C.
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Pourtant, comme le répète la Banque mondiale depuis un certain temps, même si les gouvernements parviennent à réduire rapidement les émissions, certains des effets du changement climatique ne seront pas enrayés pour autant. Le niveau des mers continuera à monter pendant plusieurs siècles et l’augmentation de la température engendrera davantage de vagues de chaleur et de perturbations climatiques.
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Les plus pauvres en première ligne
Ce sont les populations les plus pauvres qui seront les plus touchées par les conséquences du changement climatique. Depuis des années, la communauté internationale débat de solutions possibles pour assurer les pays en développement face aux risques croissants.
Les défenseurs de cette idée estiment que les politiques d’assurance constituent une alternative durable aux fonds d’aide classiques, puisqu’elles se concentreraient sur la prévention des catastrophes naturelles, et non plus sur la reconstruction après les catastrophes.
Barbara Hendricks, la ministre de l’Environnement, entend profiter de la prochaine réunion du G7, présidée par l’Allemagne, pour préparer l’entrée des assurances changement climatique dans les politiques environnementales et de développement. La protection climatique est d’ores et déjà l’une des priorités de ce sommet, qui se déroulera au mois de juin à Ellmau, en Bavière.
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Les projets pilotes de la Banque mondiale
Le 20 avril, le ministère de l’Environnement allemand a publié un rapport en préparation du sommet. Ce rapport propose que les sept pays industrialisés les plus importants garantissent que les populations des pays les plus vulnérables soient assurées contre les dangers du changement climatique. Leur but devrait être de doubler ou tripler le nombre de personnes couvertes par ces assurances.
Barbara Hendricks espère organiser des projets pilotes avec la participation de la Banque mondiale, sur la base des systèmes d’assurance régionaux existants et en utilisant des fonds privés et publics pour générer les primes nécessaires. Le ministère de l’Environnement a dévoilé que l’entreprise de réassurance allemande Munich Re est également impliquée dans le projet.
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Le concept d’assurance contre les dangers du changement climatique pour les pays en développement n’est pas neuf, et a déjà été discuté à maintes reprises.
En 2007, le Plan d’action de Bali appelait au développement de « stratégies de gestion et de réduction des risques, dont des mécanismes de transfert et de partage des risques, comme des assurances » pour couvrir les pertes et les dommages causés dans les pays en développement particulièrement touchés par le changement climatique. Les signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de l’ONU (CCNUCC) ont explicitement accepté de promouvoir les assurances et d’autres stratégies limitant l’impact des catastrophes naturelles lors du sommet de Cancún.
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Les premières victimes ne seront pas les pays polluants
Un rapport de l’institut spécialisé Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), publié par la Banque mondiale l’an dernier, montre à quel point l’application de mesures préventives est urgente. Ce rapport avertit des conséquences dévastatrices du réchauffement climatique sur les populations des régions pauvres du globe.
Selon ses auteurs, c’est dans les tropiques que l’impact du changement climatique sera le plus saisissant. Ils soulignent également la menace croissante pesant sur le processus de développement, qui pourrait « entraver la lutte contre l’extrême pauvreté ». Hans Joachim Schnellnhuber, du PIK, explique que dans les dizaines d’années à venir les effets réchauffement de la planète toucheront probablement « tous ceux qui ont le moins contribué à la hausse des émissions de gaz à effet de serre : les pauvres ».
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