La semaine dernière à Bonn, le dernier cycle des négociations internationales sur le climat s’est clôturé sur des résultats décevants, faisant naitre la crainte que ce défaut de progrès fasse de la conclusion d’un accord global sur le climat en décembre à Copenhague une option irréaliste.
Les discussions informelles dans les limites de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) du 10 au 14 août visaient à faire subir une cure d’amaigrissement au texte, qui avait enflé à plus de 200 pages après les dernières discussions de Bonn en juin.
Selon le secrétaire exécutif de la CNUCC Yvo de Boer, on n’a réalisé que des progrès « choisis » de consolidation de l’énorme texte. Si nous continuons à ce rythme, a-t-il dit, nous n’allons pas y arriver, a-t-il averti.
Anders Turesson, négociateur pour le climat pour la Suède, qui occupe la présidence tournante de l’UE, a convenu que les progrès étaient trop lents. Il affirmé qu’il faudra absolument passer à la vitesse supérieure au prochain cycle de discussions à Bangkok vers la fin septembre si un accord à Copenhague est toujours au programme.
Un désaccord sur le partage des frais
Le financement de l’atténuation du changement climatique et l’adaptation dans les pays en développement reste le principal obstacle.
Les pays pauvres qui sont à peine en phase d’industrialisation répètent qu’une responsabilité historique pèse sur les pays riches en ce qui concerne le changement climatique ; les pays riches devraient les assister dans l’acquisition des technologies nécessaires pour arrêter les émissions de gaz à effet de serre. Mais l’UE et d’autres pays industrialisés veulent que les pays en développement y mettent du leur, à commencer en dressant la liste des stratégies nationales de réduction d’émission, avant que tout argent soit mis sur la table.
Une autre pomme de discorde reste la taille relative des contributions de chaque partie aux réductions d’émissions, dans l’esprit du principe de « responsabilité commune mais différenciée ». On n’a toutefois vu que peu de progrès la semaine dernière dans la définition des responsabilités respectives.
Les chiffres publiés par la CCNUCC le 11 août ont montré que les engagements de réduction d’émissions avancés jusqu’ici par les pays industrialisés résulteraient dans une diminution de 15 à 21 % par rapport aux niveaux de 1990. Voilà qui est loin des 25 à 40 % que le corps scientifique des Nations unies, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dit nécessaires pour stopper le réchauffement climatique sous le seuil critique des 2°C.
Un point crucial à noter, ces nombres n’incluent pas les Etats-Unis, qui n’ont pas ratifié le Protocole de Kyoto. Inclure le deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde après la Chine délayerait les objectifs globaux, puisque les USA ne prévoient qu’un retour aux niveaux d’émissions de 1990 avant 2020 dans leur projet de loi sur le climat qui vise une réduction des émissions de 17 % par rapport aux niveaux de 2005.
Les pays en développement ont demandé aux pays développées d’assumer leur pleine responsabilité en s’engageant à des réductions d’au moins 40 % à moyen terme. L’UE a fait jusqu’ici l’offre la plus ambitieuse en jurant de porter son objectif de 20 % à 30 % au cas où les autres pays industrialisés, notamment les Etats-Unis, adoptent des objectifs similaires.
Cependant, les Etats-Unis ont clairement indiqué qu’ils ne dérogeraient pas à leurs objectifs de 2020, préférant se concentrer sur long terme.
Il y a un sentiment général de mécontentement sur le niveau des efforts que les pays développés ont consentis, a déclaré à Reuters l’ambassadeur chinois pour le climat Yu Qingtai, en bordure de Bonn. Il a accusé les pays riches d’essayer de faire passer le fardeau sur les épaules des pays en développement en leur imposant de prendre des mesures dommageables pour leur croissance économique.
Les pays industrialisés ont affirmé que les pays en développement doivent apporter leur part à la lutte contre le changement climatique.
Nous avons aussi besoin de connaître le jeu des pays en développement, a affirmé le négociateur européen pour le climat, Artur Runge-Metzger. Selon lui, le flou demeure sur ce que ces pays sont prêts à apporter, alors que les pays développés ont dans l’ensemble déjà mis cartes sur table.
Les observateurs modèrent déjà leurs attentes pour Copenhague, puisqu’un accord complet semble s’évanouir à l’horizon au profit d’un cadre de base dont le contenu pourrait ensuite être apporté dans le courant de 2010.
La prochaine réunion au poids politique significatif sera la réunion de Bangkok vers fin septembre. D’ici à la conférence sur le climat en décembre à Copenhague, il ne reste que quinze jours de négociation ; la dernière réunion se tiendra à Barcelone en novembre.