À deux mois de la COP 21, la provenance des 100 milliards de dollars par an promis par les pays développés pour lutter contre le changement climatique dans les pays du Sud n’est toujours pas tranchée.
La COP 21 se rapproche, mais la délicate question des financements climats fait du sur-place. À seulement deux mois de la conférence internationale sur le climat qui doit se tenir à Paris, la question des 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 destinés à lutter contre le réchauffement climatique dans les pays du sud complique les négociations.
Mobilisation diplomatique à New York
À l’occasion de la 70ème assemblée générale des Nations unies qui débute à New York le 25 septembre, une trentaine de chefs d’État et de gouvernement vont se réunir pour un déjeuner présidé par le président français.
Au menu, le changement climatique et la préparation de la COP 21. « L’objectif de ce déjeuner est de donner une impulsion politique aux négociations », « notamment sur les moyens de mettre en œuvre l’accord et donc les financements » explique une source proche de l’Élysée.
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Au-delà de la mobilisation diplomatique, la France a également demandé à l’OCDE un rapport sur la question des financements climat qui fera l’objet de discussions entre ministres des Finances à Lima le 9 octobre 2015.
Un rapport qui devrait permettre de « déminer le sujet des 100 milliards » selon Romain Benicchio, responsable négociations climatiques chez Oxfam. « Il faut dégager une méthodologie commune, car pour l’instant chaque pays a ses propres règles pour comptabiliser les financements climats. Et il faut également des gardes fous pour les financements privés » poursuit-il.
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Ces 100 milliards de dollars, promis par les pays développés lors de la conférence de Copenhague, symbolisent l’engagement du Nord à prendre part à l’effort de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. Mais les faibles engagements consentis jusqu’à présent ont tendu les négociations entre le Nord et les Sud lors des dernières sessions de négociation. « Depuis plusieurs mois, les discussions ont surtout porté sur le niveau d’ambition de l’accord, beaucoup moins sur les sujets chers aux pays du Sud comme le financement » reconnait le représentant d’Oxfam.
Financements publics ou privés
Pour l’heure, seulement 17 à 20 milliards de dollars par an de financements publics ont été mobilisés à destination des pays en développement, selon Oxfam. Et la proportion de financement qui proviendra du secteur privé reste un mystère.
Autre critique, seuls 20 % de ces financements sont alloués à l’adaptation, cruciale pour aider les pays en développement à faire face aux effets du réchauffement climatique.
« Aujourd’hui, si l’on ratisse très large on peut arriver à comptabiliser 100 milliards de dollars par ans, mais cela serait contre-productif d’un point de vue politique » explique Romain Benicchio.
Pour les pays en développement, la question des financements climat est une condition sine qua non à la conclusion d’un accord à Paris en décembre 2015. « Et tout le monde est bien conscient qu’il n’y aura pas d’accord sans ambition sur cette question » reconnait le représentant d’Oxfam.
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Mais la route reste longue. À quelques jours de la date butoir symbolique pour la remise des plans d’action des pays pour lutter contre le réchauffement climatique, moins de 70 pays ont rendu leur copie. Plusieurs grands émergents, notamment le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, pourraient profiter de l’assemblée générale des Nations unies pour faire leur contribution. La liste des absents demeure cependant longue, puisque 195 pays participent aux négociations climatiques.
Appel du Parlement européen
Les appels à l’accélération des négociations sur le front des financements climat se font pressants. La commission environnement du Parlement européen a elle aussi réclamé des avancées sur les financements et leur inscription dans l’accord final de Paris.
« Il faut que le principe de l’engagement financier figure dans l’accord final» affirme Romain Benicchio.
Dans la résolution non contraignante, les députés européens demandent également à l’UE l’élaboration « d’un nouveau mécanisme de financement additionnel prévisible » afin de « contribuer sa juste part au montant de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 ».
Parmi les propositions de financement mis sur la table par les eurodéputés figurent l’affectation de certains quotas du système européen d’échange de quotas d’émissions (ETS) ou d’une partie des recettes de la future taxe sur les transactions financières européennes.
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