Le sommet international sur le climat a poussé certains pays développés à annoncer leurs contributions au Fonds vert, dont les caisses étaient restées vides depuis son lancement. Mais les montants récoltés demeurent loin des objectifs.
L’effet catalyseur du sommet international pour le climat qui s’est déroulé à New York le 23 septembre est resté modeste.
Les pays développés, attendus au tournant lors de cette grande messe internationale organisée sous l’égide des Nations Unies, ont pour certains annoncé le montant de leur contribution au Fonds vert pour le climat, principal outil destiné à soutenir les pays en développement face au changement climatique.
Selon l’ONU, 1,15 milliard de dollars ont été promis à l’occasion du sommet. En comptant les annonces précédentes, notamment celle de l’Allemagne qui avait promis en amont de la réunion de participer à hauteur de 1 milliard de dollars, les promesses de financement des pays développés s’élèvent à 2,3 milliards de dollars.
Malgré ce début de mobilisation, trois ans après le lancement du Fonds vert, le chiffre qui reste bien en deçà de l’objectif de 15 milliards de dollars réclamé par les pays en voie de développement sur les trois prochaines années.
Condition sine qua non
« Il faut tenir la promesse faite à Copenhague et mobiliser 100 milliards de dollars par an », a rappelé Ban Ki- moon, le secrétaire général de l’ONU aux 130 chefs d’État et de gouvernement présents.
Ce fonds multilatéral institué par les accords de Copenhague puis Cancún entend en effet centraliser les financements de l’adaptation et la réduction des émissions au sein des pays en développement.
Un projet ambitieux pour lequel les pays développés se sont engagés à débloquer quelque 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, dont une partie importante devrait transiter via ce nouveau fonds.
Au-delà des objectifs à l’horizon 2020, la capitalisation initiale de 15 milliards de dollars du Fonds vert attendue par les pays en voie de développement est surtout une condition sine qua non pour la réussite du sommet Paris Climat 2015, qui doit aboutir à un accord international permettant de limiter le réchauffement climatique
>>Lire : Paris mobilise ses ambassadeurs sur le climat
Le rôle pivot occupé par la France dans les négociations climatiques a d’ailleurs poussé le Président François Hollande a annoncé une contribution importante de la France au Fonds vert. « La France participera à hauteur de 1 milliard de dollars pour les prochaines années », a expliqué le Président en ouverture de l’assemblée générale. La contribution française s’échelonnera de 2015 à 2018, selon l’entourage du ministre des Finances. Mais les sources de financements du milliard de dollars de contribution française restent à définir.
« Une partie importante sera financée la taxe sur les transactions financières » confirme-t-on à Bercy. « Mais la répartition entre prêts et dons sera arrêtée au cours des prochaines semaines ».
« Lutter contre le réchauffement climatique, trouver une solution pour le climat c’est d’abord faire une politique pour le développement, contre la pauvreté, contre la précarité, contre les inégalités dans le monde » a également rappelé le Président Hollande lors de la clôture.
« Notre engagement doit être clair […] pour maintenir la hausse température en dessous 2 degrés. Nous sommes conscients que c’est un défi considérable, chacun a à l’esprit la conférence de Copenhague » a-t-il concédé rappelant que « la concentration de CO2 a battu un nouveau record l’année dernière».
Très attendue, l’annonce de la contribution française au Fonds vert a été accueillie avec scepticisme de la part des organisations non gouvernementales.
« L’annonce d’une contribution de 1 milliard de dollars, soit 776 millions d’Euros est un timide premier pas, qui risque d’être insuffisant pour créer une dynamique de capitalisation ambitieuse qui permettra d’atteindre les 15 milliards de dollars sur les trois prochaines années » a expliqué Romain Benicchio, porte-parole d’Oxfam France.
>>Lire : Réunion du Fonds vert sur fond de panne de financement
Un engagement européen
D’autres pays européens ont annoncé leur participation au Fonds vert, même si les annonces sont restées modestes.
La Finlande a affirmé qu’elle participerait à la capitalisation sans donner de chiffre précis. Matteo Renzi, premier ministre italien a mentionné « un niveau significatif » de participation. Son homologue de Danemark a annoncé le versement d’une nouvelle allocation de 70 millions de dollars, ce qui porte la contribution du Danemark à 350 millions de dollars depuis 2010.
De son côté, le Luxembourg a annoncé une contribution de 5 millions d’euros, la République tchèque une contribution de 5,5 millions de dollars à verser sur deux ans.
D’autres grands contributeurs attendus sur le Fonds vert sont restés silencieux quant au montant de leur participation, notamment le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
José Manuel Barroso, également présent, n’a pas annoncé de contribution de Bruxelles au Fonds vert. En effet, la Commission européenne ne participera pas à ce premier tour de table, et les contributions européennes se feront État membre par État membre.
Pour autant, le président de l’exécutif européen a annoncé un soutien de 3 milliards de dollars de la part l’Union européenne à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement, qui vont susciter entre 15 et 30 milliards d’euros de capital de prêts et de placement.
>>Lire : Bruxelles boude le Fonds vert pour le climat
« L’Union européenne a été et demeure à la pointe des efforts déployés dans la lutte mondiale contre le changement climatique » a affirmé le Président. « La Commission européenne a proposé un ambitieux objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990 » a rappelé José Manuel Barroso, se déclarant « optimiste » sur la conclusion des négociations entre les 28 chefs d’État et de gouvernement européens lors du sommet d’octobre.
Initiatives du secteur privé
Si le début de capitalisation du Fonds vert est faible, d’autres annonces en faveur du climat sont venues de la part du secteur privé. Plusieurs banques privées se sont notamment engagées à émettre des obligations vertes à hauteur de 20 milliards. Les entreprises d’assurances pour leur part ont fait la promesse de doubler leurs investissements verts pour les faire passer à 82 milliards de dollars en 2015.