Paris accompagne Johannesbourg sur son plan Climat

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Cet article fait partie de l'édition spéciale La coopération décentralisée sur le climat et le développement.

La capitale économique d’Afrique du Sud veut se doter d’un plan climat ambitieux. Un objectif pour lequel elle s’appuie sur l’expertise de Paris, première ville française à avoir adopté un tel plan en 2007. 

Le plan climat de Johannesbourg est en gestation depuis quelques mois, mais ne sera pas prêt pour la conférence internationale sur le climat. C’était pourtant l’objectif initial du maire de la ville, Tau Parks, qui rêve d’un avenir plus vert pour sa ville.

Conseillée par la ville de Paris, Johannesbourg devrait finalement se contenter d’annoncer un objectif de réduction des émissions de CO2 ambitieux durant la COP 21, et de poursuivre le travail sur son plan climat, qui devrait aboutir en 2016.

« Au début, Johannesboug voulait annoncer son plan pour la COP 21, mais Paris les a encouragé à prendre plus de temps » explique Matthieu Robin, responsable du développement urbain à l’Agence française de développement.

Élaboration d’un plan climat

Depuis août 2015, les services de la mairie de Paris ont mis en place un échange d’expertise avec Johannesbourg . « Nous essayons les faire profiter de notre expérience, notamment sur les aspects de la comptabilisation des émissions et sur l’identification des leviers d’actions » détaille Patrick Klugman, adjoint à la maire de Paris chargé des Relations internationales et de la Francophonie.

Un travail qui est également soutenu par l’Agence française de développement et par le C40, le réseau de grandes villes engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique lancé par l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, et donc les deux villes partenaires sont membres.

Une ville menacée par le changement climatique

Pour Paris, les actions de réduction des émissions dans le cadre du plan climat se sont concentrées sur les émissions dues au transport automobile et à la rénovation des bâtiments.

Pour Johannesbourg, les enjeux sont différents. « Johannesbourg est une ville toujours très marquée spatialement par l’apartheid » explique Matthieu Robin. Résultat, les échanges entre les deux villes se font surtout sur la méthodologie de l’élaboration d’un plan climat, et non pas sur des mesures concrètes, car la géographie des deux villes est très différente. 

>>Lire : Le Sénat veut faire exister les collectivités locales pour la COP21

Très étendue – 14 fois la taille de Paris pour 2 millions d’habitants – la ville sud-africaine, doit répondre à des défis de taille sur les questions de réseaux routiers, d’assainissement, d’eau et d’électricité très étendus et dont la maintenance est coûteuse.

« Il y a aussi un secteur des transports très émissif puisque Johannesbourg est une ville du « tout voiture » » pointe Matthieu Robin. De fait, la capitale économique du pays affiche des émissions de 6,4 tonnes de CO2 par an par habitant, contre 4,2 tonnes pour une ville comme Barcelone ou 1,5 pour New Delhi. « C’est un bilan élevé pour une ville émergente »  remarque Matthieu Robin.

Concrètement la coopération entre les deux villes permet à Johannesbourg « d’avoir un exemple sur lequel s’appuyer pour élaborer son plan climat, et surtout d’éviter les écueils »  détaille le responsable de l’AFD. Plusieurs visites de délégations ont déjà eu lieu dans les deux villes.

Comment cibler les secteurs les plus émissifs, comment associer le monde de l’entreprise et de la société civile afin de présenter du plan ambitieux et inclusif, et surtout comment passer d’une « liste à la Prévert » à un plan de mise en œuvre. Un défi dans lequel « rien n’est plus efficace qu’un dialogue entre collectivités » explique Matthieu Robin.

Réciprocité

Pour Paris aussi la coopération avec Johannesbourg arrive à point nommé, alors que la ville accueille à partir du 30 novembre les représentants des États membres des Nations Unies pour trouver un accord mondial ambitieux afin de limiter le réchauffement climatique à l’occasion de la COP 21.

« Il s’agit de notre première coopération décentralisée sur le thème du climat à proprement parler » se félicite Patrick Klugman. 

La ville de paris est bien positionnée en matière de coopération décentralisée « Nous avons plusieurs attachés en charge de la coopération, c’est une chance que toutes les collectivités n’ont pas, et de ce fait nous sommes très sollicités » explique Patrick Klugman.

En France, la coopération décentralisée s’appuie notamment sur la loi Oudin-Santini, qui permet depuis 10 ans aux collectivités de mobiliser jusqu'à 1% de leur budget eau et assainissement pour financer des actions de coopération internationale dans ces secteurs.

En 2014, l’adoption de la loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale permet d’étendre le dispositif Oudin-Santini au secteur des déchets. 

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