En Afrique australe, la sécheresse, notamment due à El Niño, met 23 millions de personnes en danger. La FAO appelle à une aide urgente pour parer au pire.
L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a tiré la sonnette d’alarme, sans beaucoup d’écho, fin juillet. Sans aide urgente à la production alimentaire, 23 millions de personnes seront dépendantes de l’aide humanitaire jusqu’à mi-2018 en Afrique. Avec le cortège de conséquences sociales et sociétales qu’entrainent les famines de cette ampleur.
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Le phénomène El Niño est un courant océanique chaud qui entraine une série de risques locaux en Amérique du Sud et en Afrique. Cette année, il est notamment à l’origine d’une sécheresse très importante dans une grande partie d’ l’Afrique australe et de l’Est.
Depuis cet hiver, la famine guette la région, en raison de la juxtaposition d’un El Niño particulièrement ravageur et de conflits locaux.
Appel de la FAO pour l’Afrique australe
Dans des régions qui comptent des millions de déplacés, et dont une grande partie de la population survit grâce à une agriculture de subsistance, la sécheresse de cette année fait des ravages. La FAO a donc préparé un plan d’urgence prévoyant la distribution de semences, engrais, outils et autres intrants aux petits exploitants agricoles, et aux éleveurs. S’il n’est pas appliqué, on estime que l’Afrique australe comptera 23 millions de personnes dépendantes de l’aide humanitaire jusqu’à mi-2018.
Le but de l’organisation est de permettre aux habitants de la région de rendre leurs cultures plus résistantes à la sécheresse, mais aussi à d’autres chocs climatiques, comme les inondations qui pourraient suivre El Niño. D’ici là, il est également nécessaire de mettre en place des mesures de protection des cultures sur pied et du bétail.
Le projet est donc urgent et nécessaire, mais a un coût : au moins 97 millions d’euros pour aider les pays de la région, tous touchés. Il s’agit de la Tanzanie, du Mozambique, de la Zambie, du Zimbabwe, de Madagascar, de la Namibie, du Swaziland, du Lesotho et de l’Afrique du Sud.
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En juillet, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui estime à 2,4 milliards d’euros la somme nécessaire à la relance de l’économie régionale, a lancé un appel de fond. Pour l’instant, seul 0,3 milliard a été rassemblé, malgré les bonnes paroles des pays riches.
La Corne de l’Afrique
L’Afrique australe n’est pas la seule région où les ventres se creusent.
En ce qui concerne la Corne de l’Afrique, et particulièrement l’Éthiopie et la Somalie, également durement touchée par la sécheresse, l’Union européenne se targue d’avoir envoyé l’aide humanitaire « à temps », contrairement à ce qui s’est passé il y a 30 ans.
Pourtant, en juin dernier, le groupe de travail pour la sécurité alimentaire et la nutrition (FSNWG) comptait déjà 24 millions de personnes directement en danger et des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence dans l’est de l’Afrique, notamment en Somalie, au Soudan, au Sud-Soudan et au Djibouti. Rien qu’en Éthiopie, ils sont 10,2 millions à dépendre de l’aide d’urgence. À la fin de cette année, 458 000 enfants éthiopiens souffriront de malnutrition aiguë grave, et 2,5 millions de malnutrition aiguë modérée.
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Si les averses amenées dans certains pays par El Niño ont parfois été bénéfiques, comme au Kenya et au Rwanda, la pluie abondante du début de 2016 a entrainé des inondations qui ont entraîné près de 232 000 personnes sur les routes et tué 271 habitants de la région.
El Niño est terminé, mais ses conséquences sont loin d’être sous contrôle, puisque des millions de personnes restent dans une situation hautement précaire.