Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a posé un ultimatum à la Commission européenne pour qu’elle agisse face aux produits de moindre qualité vendus dans les États membres de l’Est. Un article d’Euractiv Slovaquie.
Si la Commission européenne n’agit pas de manière plus résolue sur la faible qualité des aliments vendus dans les États membres les plus récents, la Slovaquie prendra des mesures unilatérales, a annoncé le Premier ministre, Robert Fico, lors d’une conférence de presse à Bratislava le 18 juillet.
La Slovaquie pourrait notamment demander à ses institutions publiques de n’acheter que des produits slovaques pour leurs services de restauration.
Le gouvernement slovaque soutient que la Commission européenne prend à la légère le problème des produits alimentaires de moindre qualité mais vendus sous une même marque à travers l’UE. La mise en place de nouveaux comités et la réalisation de nouveaux tests de qualité ne sont pas suffisantes, selon Robert Fico.
Le dirigeant slovaque est conscient du fait que la Commission risque de freiner des quatre fers puisque la solution proposée à la crise contredit le principe de liberté de circulation des biens. Les mesures doivent donc être limitées au secteur public, temporairement et dans la limite des compétences nationales, a-t-il annoncé.
Pression de la Commission
Věra Jourová, commissaire en charge des consommateurs, est sensible à ce problème et compatit avec ces États membres qui se sentent traités comme des citoyens de seconde classe par les multinationales.
Lors du Conseil « pêche et agriculture » du 18 juillet, la commissaire a déclaré devant les journalistes qu’elle ferait tout son possible pour remédier à ce problème et qu’elle se positionnait du côté des consommateurs. Pourtant, elle n’a parlé d’aucune mesure règlementaire stricte à ce sujet.
Elle souhaite toutefois aider les gouvernements nationaux à se servir des outils européens existants, notamment lorsqu’il s’agit de pratiques commerciales déloyales.
Sur un autre front, Věra Jourová prévoit d’exercer une pression relative et de rencontrer les producteurs et les petites entreprises pour discuter du cas de produits concrets pour lesquels des preuves d’une double qualité ont déjà été collectées.
Problème politique
Robert Fico n’a pas donné plus de détails sur ce qu’il attendait de la Commission mais il a précisé la date limite de septembre. Après ce délai, la Slovaquie prendra des mesures unilatérales.
« Cela doit cesser », a-t-il affirmé durant une conférence de presse, en montrant du doigt une table sur laquelle étaient posés des échantillons de trois produits présents sur le marché slovaque et dont les tests ont confirmé que leur qualité était plus faible. Pour lui, il s’agit plus d’un problème politique que technique.
Initiative citoyenne
Un autre moyen d’action proposé par Robert Fico est l’initiative citoyenne européenne (ICE). Cet outil participatif introduit par le traité de Lisbonne permet à un million de citoyens européens de réclamer une proposition législative à la Commission. Encore une fois, le Premier ministre n’est pas entré dans les détails. Reste donc à savoir qui entreprendrait cette initiative et quelle serait la proposition exacte.
Jusqu’à présent, seules trois ICE ont fonctionné, car conformes à toutes les exigences, mais seules deux ont débouché sur une action concrète de la Commission.
Robert Fico a également abordé la question de la double qualité des produits alimentaires lors du sommet de Visegrad (V4) à Budapest le 19 juillet.
Nettoyer à plus basse température
Il semblerait que la problématique de la composition différente de produits selon les marchés européens ne concerne pas seulement les aliments, mais aussi, par exemple, la lessive.
Suite à la publication des résultats d’un test comparatif des lessives Persil en République tchèque, le fabricant, Henkel, a reconnu que le produit vendu dans le pays, et en Slovaquie, contenait moins d’éléments actifs que dans la version allemande.
Pour sa défense, le fabricant soutient que moins de substances actives sont nécessaires puisque l’enquête sur le comportement des consommateurs indique que les Slovaques et les Tchèques lavent leur vêtements à des températures plus élevées que, par exemple, les consommateurs allemands.
L’entreprise affirme par ailleurs que la composition des produits doit être analysée dans son ensemble et en se demandant si le produit mène au même résultat suite au processus de lavage.