La constitution des listes de candidats est toujours un véritable casse-tête pour les partis politique. Le Parti socialiste ouvre le bal ce samedi en annonçant la sienne. Mais le régime de la méritocratie n’est pas toujours au rendez-vous pour désigner les candidats.
Le parti socialiste doit présenter le 16 novembre les listes définitives de ses candidats pour les élections européennes. A la veille de cet événement, les derniers arbitrages s’annoncent difficiles, entre les nombreuses têtes de listes. Un jeu de chaises musicales où la compétence et le bilan des eurodéputés passe (souvent) au second plan.
Pour les socialistes, il reste à peine quelques heures pour finaliser les différents arbitrages. Pervenche Bérès, eurodéputée incontournable à Bruxelles se retrouve sur la sellette face à Corinne Narassiguin, ancienne député socialiste très soutenue par l’Assemblée nationale pour la seconde place de la liste.
Problème, la loi oblige les partis à alterner hommes et femmes sur leurs listes. Un mécanisme qui relègue rapidement un candidat peu chanceux dans les profondeurs de la liste. Le Parti socialiste espère obtenir 2 sièges de député dans chacune de 8 circonscriptions interrégionales (Ile-de-France, Ouest, Nord-Ouest, Est, Sud-Ouest, Sud-Est, Massif central – Centre, et Outre-Mer), peut-être davantage en Ile-de-France et dans le Nord-Ouest.
Le casse-tête des listes
Mais la candidate malheureuse à la place de seconde d’Harlem Désir verra ses chances d’être élue réduites à peau de chagrin en se retrouvant au quatrième rang de la liste. Mais dans la culture des partis, le mérite des candidats passe souvent après la nécessité politique.
« Pervenche Bérès est soutenue par toutes les personnes qui se soucient de l’influence française au sein de l’Union européenne » relève un connaisseur du dossier. Fer de lance de la délégation socialiste au Parlement européen, élue depuis 1994, cette fine connaisseuse des arcanes de Bruxelles affiche un bilan de législature exemplaire.
Pour autant, c’est Harlem Désir, le premier secrétaire qui est assuré d’être tête de liste en Ile-de-France. Le député européen sortant affiche pourtant un bilan accablant :son absentéisme le place dans les eurodéputés les moins assidus. (743 sur 752). Chez les eurodéputés français, seul le souverainiste Philippe de Villier fait pire en occupant la 745ème place du classement.
>> Voir les données d'absentéismes des députées européens
Sur la liste des eurodéputées adepte de la chaise vide, on retrouve sans surprise les élus du Front National Marine Le Pen (730ème) avec un taux de présence légèrement supérieur à 60% et Jean-Marie Le Pen (716ème). L’extrême gauche ne fait pas mieux, puisque leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon atteint la 718ème place du classement de présence en séance plénière.
L’Europe : pôle-emploi des politiques
« Le cas de Pervenche Bérès est compliqué. Et c’est peu dire » reconnaît du côté du Parti Socialiste. Mais la nomination d’Harlem Désir répond à un impératif : celui de donner un mandat au premier secrétaire, mais aussi un salaire puisque le poste de chef de file du PS n’est pas rémunéré.
A l’UMP aussi la constitution des listes risque de faire l’impasse sur les mérites des eurodéputés. Rachida Dati, eurodéputée sortante décriée jusque dans son propre camp, devrait être réinvestie sur la liste électorale.
L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano restée sans mandat suite à sa défaite aux élections législatives de 2012 pourrait être nommée sur la liste de la circonscription de l’Est, où l’eurodéputé et actuel président du PPE Joseph Daul est également candidat.
Et la liste continue. Majorité sortante, la droite affiche un nombre important d’anciens Ministre en mal de mandat, qui regardent vers Bruxelles. « Ça va être sanglant du côté de l’UMP » prévoit un proche du dossier.
L’influence française mise à mal
En fil rouge, c’est l’influence française au sein du Parlement européen qui risque de payer les pots cassés et les nombreux parachutages.
Il faut au moins plusieurs mandats pour s’installer en terme d’influence à Bruxelles. « Pour compter au sein du Parlement européen, il faudrait que les eurodéputés français aient la garantie d’avoir 4 mandats pour pouvoir prétendre à des postes à responsabilité » affirme un connaisseur.