L’Union européenne a lancé un nouveau classement international des universités. Intégrant davantage de critères, U-Multirank compte ainsi revaloriser certaines universités desservies par les classements traditionnels, comme celui de Shanghai.
Face l’hégémonie du classement de Shanghai, l’Union européenne a remonté ses manches en lançant le 13 mai un nouveau système de classement mondial des universités, U-Multirank.
Financé à hauteur de 2 millions d’euros par l’UE, U-Multirank s’appuie sur cinq critères principaux, dont le principe d’excellence en matière de recherche, dominant dans les autres classements internationaux, ne fait pas partie.
« U-Multirank met en évidence de nombreux établissements d’excellence qui n’apparaissent pas dans les classements mondiaux actuels – axés sur la recherche -, parmi lesquels plus de 300 universités qui n’ont jamais figuré dans le moindre classement mondial jusqu’à aujourd’hui », a souligné Androulla Vassiliou, la commissaire européenne chargée de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse.
En effet, le plus connu des classements internationaux, celui de Shanghai, reste dominé par les universités américaines, généralement mieux dotées en matière de budget de recherche que leurs consœurs européennes. Dans le top 100 du classement, seules trois universités européennes apparaissent dans le top 30.
U-Multirank intègre ainsi l’utilisation de nouveaux instruments en ligne, les performances en matière de recherche, la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage, l’ouverture sur l’international, la réussite en matière de transfert de connaissances (partenariats avec des entreprises et avec des start-ups) et l’action régionale.
Classement multidimensionnel
Le classement européen évalue les résultats de plus de 850 établissements d’enseignement supérieur du monde entier dans 70 pays. Il produit également « des classements multidimensionnels, fondés sur un éventail de critères bien plus large que les classements internationaux actuels », selon la Commission européenne.
« Nous sommes fiers de notre système d’enseignement supérieur, de premier ordre, mais nous avons aussi besoin d’universités de tous types pour répondre à un large éventail de besoins; en d’autres termes, les universités techniques et régionales fortes importent tout autant que les universités excellant dans le domaine de la recherche » a détaillé la commissaire.
Les universités sont évaluées sur la base d’une trentaine d’indicateurs distincts et classées en cinq groupes de performance, allant de A (très bon) à E (faible). Le but de ce nouveau système de classement est d’aider les étudiants à identifier les points forts et les faiblesses de chaque institution selon la discipline qui les intéressent, au lieu de « tableaux d’excellence simplistes ».
En outre, U-Multirank évalue la performance globale des universités, mais propose également un classement dans un certain nombre de disciplines : les études commerciales, le génie électrique, le génie mécanique et la physique. En 2015, viendront s’y ajouter la psychologie, l’informatique et la médecine.
Les résultats montrent que, si plus de 95 % des établissements reçoivent une note de A sur au moins un point, seuls 12 % obtiennent plus de 10 fois la note maximale.
Contrer les autres classements
« [La diversité des types de performance] n’apparait pas dans les classements mondiaux actuels », explique la Commission.
Le nouveau système de classement ne fait pas l’unanimité pour autant. La Ligue européenne des universités de recherche (LEUR) s’est retirée du projet plus tôt dans l’année alors qu’elle en faisait partie à l’origine.
En février 2013, son secrétaire général Kurt Deketelaere a déclaré que le « U-Multirank était au mieux une dépense injustifiable de l’argent du contribuable et au pire une menace grave pour les systèmes d’enseignement supérieur».
« La LEUR manifeste de profondes inquiétudes quant au manque de données fiables, probantes et valides dans le cadre de U-Multirank, notamment en matière de comparabilité des systèmes universitaires entre les pays, de contraintes qui pèsent sur les universités lors de la collecte de données, et du manque de vérification sur le terrain durant le processus de classification. ».
La ligue n’a pas souhaité répondre à EURACTIV pour l’instant, car elle attend la réunion des recteurs ce week-end et communiquera sa réponse lundi 19 mai, a expliqué un représentant de l’organisation.