L'Alliance des conservateurs et réformistes européens (AECR) a annoncé le 20 février qu'elle ne présenterait pas un candidat à la présidence de la Commission européenne, pratique qu’ils jugent d'une autre époque.
« Nous aspirons à parler au nom d’une grande majorité d’Européens qui n’ont jamais consenti à devenir des citoyens d’une union fédérale », a indiqué le président de L’Alliance des conservateurs et réformistes européens, Jan Zahradil, dans un communiqué.
« Nous estimons que la voix de ce groupe, qui se renforce de plus en plus, devrait être entendue dans les débats, mais nous ne voulons pas nous affilier à un système où le président de la Commission se voit octroyer un mandat factice par les citoyens, alors que la majorité de la population n’avait jamais entendu parler de lui », a-t-il ajouté.
Le parti paneuropéen des conservateurs et des réformistes regroupe 17 pays, dont 12 États membres de l’UE. Au Parlement européen, il est est lié au groupe parlementaire des conservateurs et réformistes européensCRE), dominé par les conservateurs britanniques.
CRE a également une vidéo dans laquelle il qualifie l’initiative des partis européens de « vision des années 1950 » qui « établit un gouvernement où il n’y a pas de nation ».
Daniel Hannan, eurodéputé britannique et secrétaire général de l’AECR, a expliqué à EURACTIV que son parti « soutient les autres partis membres dans la défense des idéaux communs. Je peux m’imaginer assister à des évènements à l’étranger pour soutenir des campagnes. Mais nous n’aspirons pas à avoir un manifeste commun et ne jouerons pas le jeu de prétendre qu’il existe un électorat européen. »
Six candidats, cinq partis
Le Parlement européen a placé sa campagne électorale sous le slogan « Cette fois-ci, c’est différent ». L’élection indirecte du prochain président de la Commission est en effet la pierre angulaire de cette campagne européenne.
Le traité de Lisbonne, entré en vigueur en décembre 2009, permet au Parlement européen d’avoir son mot à dire dans la sélection de la personne pour le mandat au sommet de l’exécutif européen. Le Conseil doit également « tenir compte » des résultats et organiser les « consultations appropriées » avec le Parlement européen avant de nominer le candidat de leur choix, en vertu du traité (voir « Contexte »).
Certains partis ont pris l’initiative de désigner leur propre tête de liste pour remplacer l’actuel président de l’exécutif européen, José Manuel Barroso.
Martin Schulz, le président actuel du Parlement européen, représente la tête de liste du parti socialiste. José Bové et Ska Keller sont les figures de proue des Verts, sélectionnés après des primaires européennes en ligne. Guy Verhofstadt, pour sa part, mène la campagne pour les libéraux.
Le Parti populaire européen (PPE) est la dernière grande famille politique à choisir son candidat pour les élections européennes, lors d’un congrès électoral les 6 et 7 mars prochains. L’ancien premier ministre Jean-Claude Juncker, le commissaire français Michel Barnier et l’ancien premier ministre letton, Valdis Dombrovskis, sont les probables candidats.
Selon Daniel Hannan, il est tendancieux de passer d’un système où l’on tient compte des résultats des élections à un système de campagnes électorales paneuropéennes. « D’après ma lecture des traités, le Conseil a les mêmes prérogatives qu’auparavant », a-t-il précisé.
Alors que les partis européens et une majorité au Parlement européen ont milité pour cette initiative de sélection de candidat unique, des chefs d’État de premier rang, comme la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du Conseil, Herman Van Rompuy, ont exprimé leurs doutes quant à cette idée.
« Si vous maintenez le [même niveau] de compétence pour ce poste à haute responsabilité, vous engendrerez une déception prévisible », a déclaré Herman Van Rompuy précédemment.