Si le dialogue a repris entre Moscou et Kiev, les avancées réelles se font encore attendre pour mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine, en guerre depuis 6 ans.
Après trois ans de blocage, le sommet « format Normandie » a ressuscité lors d’une réunion à Paris rassemblant les chefs d’État et de gouvernement de la Russie, de l’Ukraine, de l’Allemagne et de la France.
La grande messe diplomatique qui a rassemblé autour de la table Vladimir Poutine et son homologue ukrainien, sous l’égide d’Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel a permis de renouer un dialogue coupé depuis plusieurs années.
Et de redonner « un élan » au processus de paix, comme l’a affirmé Angela Merkel, alors que le conflit en Ukraine a fait déjà 13 000 morts au cours des six dernières années. Mais au-delà de l’apparent succès diplomatique d’avoir réuni le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, les avancées concrètes n’ont pas été légion.
Désengagement, libération de prisonniers, cessez-le-feu : pour la première fois depuis plus de 3 ans, nos discussions ont permis d’avancer sur des points cruciaux pour le processus de paix en Ukraine. Les voici.https://t.co/p5vp8Kp2O2
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 10, 2019
« Nous n’avons pas trouvé de solution miracle », a reconnu le président français. Le jeune comédien novice de la politique ukrainienne a quant à lui fait état de sa déception lors d’une conférence de presse à l’issue de la rencontre à l’Élysée. « Le résultat de ce sommet pour moi n’est pas à la hauteur de mes attentes, j’aurais souhaité régler davantage de problèmes » a-t-il déclaré.
Concrètement, les dirigeants ukrainien et russe campent sur leurs positions concernant la question de la tenue des élections locales dans les états séparatistes et sur la question du contrôle de la frontière. Et les positions semblent gelées.
Divergences
« Avec Vladimir Poutine, nous avons de véritables divergences sur la question du transfert de la frontière. Il me semble que cela devrait avoir lieu avant les élections locales. Nous devrons trouver une solution sinon nous ne pourrons pas avancer », a affirmé Volodymyr Zelensky.
« Sur la question de la frontière, les positions sont divergentes » a également reconnu Vladimir Poutine. « Mais notre position est celle prévue par les accords de Minsk. Pourquoi les remettre en cause ? » a pour sa part répondu le dirigeant russe.
Signé en 2015, les accords de Minsk prévoient un protocole de sortie de crise. mais depuis leur signature dans la capitale biélorusse, ils n’ont jamais été appliqués.
Sur la question frontalière, les accords de Minsk prévoyaient que l’Ukraine reprenne le contrôle de sa frontière au lendemain d’élections locales organisées dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk. Mais ils prévoyaient également un cessez-le-feu, « qui a été proclamé à vingt reprises ces dernières années et à vingt reprises il a été violé », a rappelé le président ukrainien.
Si le blocage sur la question de la maîtrise de la frontière a été acté, un nouveau rendez-vous a été pris d’ici 4 mois pour avancer sur cet épineux dossier, laissant entendre que le dialogue était réellement rétabli.
Une poignée de mesures concrètes
Le sommet au format «Normandie » aura toute de même accouché de quelques mesures concrètes et immédiates qui portent davantage sur le volet humanitaire que sur l’épineuse question de intégrité du territoire ukrainien.
Ainsi, un échange de prisonniers doit intervenir avant le 31 décembre. Un désengagement militaire sur trois nouveaux points de la ligne de front, a également été acté et devrait être d’ici à la fin mars 2020 et des points de passage supplémentaires seront mis en place dans les 30 jours pour les population des régions séparatistes de Donetsk et de Louhansk.
Mais la route sera encore longue avant une véritable résolution de conflit, tant la question des territoires semble irréconciliable. «L’Ukraine ne cédera jamais ses territoires et n’acceptera pas une fédéralisation » a rappelé le dirigeant ukrainien.