Selon les déclarations du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, l’Espagne ne reconnaîtra pas la victoire revendiquée par le candidat de l’opposition, Edmundo González Urrutia, à la présidentielle de juillet au Venezuela, mais travaillera plutôt à une position unifiée de l’Union européenne (UE) pour négocier avec le régime de Nicolás Maduro. L’objectif étant la résolution de la crise politique que traverse le pays.
Lors d’une conférence de presse à Kunshan, en Chine, où Pedro Sánchez était en voyage officiel jusqu’au mercredi 11 septembre, ce dernier a expliqué que l’Espagne chercherait une solution qui puisse répondre à la volonté démocratique exprimée dans les urnes lors des élections vénézuéliennes du 28 juillet.
Le Premier ministre a indiqué que l’Espagne cherche l’unité au sein de l’UE pour permettre « une marge de médiation jusqu’à la fin de l’année » afin de trouver une issue à la crise politique au Venezuela.
En revanche, le chef du gouvernement et dirigeant du Parti socialiste-ouvrier espagnol (PSOE, Socialistes et Démocrates européens) a rejeté les critiques du Partido Popular (PP, Parti populaire européen), qui reproche à Pedro Sánchez d’avoir résolu un « problème » pour Nicolás Maduro en accordant l’asile à son opposant Edmundo González Urrutia.
Par ailleurs, le gouvernement Sánchez ne tiendra pas compte d’un vote parlementaire reconnaissant le candidat de l’opposition vénézuélienne comme vainqueur de la présidentielle contestée (177 votes pour sur les 350 sièges que compte la chambre basse du parlement), a précisé le Premier ministre.
Le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, a sévèrement attaqué Pedro Sánchez mardi 10 septembre pour son refus de reconnaître le candidat de l’opposition comme le vainqueur légitime de la présidentielle du pays sud-américain.
Malgré les appels du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, des organisations de défense des droits humains et de plusieurs gouvernements pour que le régime de Nicolás Maduro publie les procès-verbaux électoraux certifiant sa victoire autoproclamée, Caracas n’a toujours pas obtempéré — un retard qui contribue à alimenter les soupçons de fraude électorale.
Pour sa part, Pedro Sánchez a rejeté les critiques du PP en rappelant que l’Espagne ne reconnaît ni la victoire d’Edmundo González Urrutia, ni celle de Nicolás Maduro, et qu’elle attend, comme d’autres États membres de l’UE, que Caracas lui présente les preuves de cette victoire.
Le Premier ministre espagnol a fait écho à la position de Josep Borell, appelant Caracas à clarifier la situation.
« Si Nicolás Maduro persiste à dire qu’il a gagné et ne veut pas comprendre que, pour la communauté internationale, sans vérification, il n’y a pas d’hypothèse de résultats, le Venezuela pourrait entrer dans une grave crise — nous essayons tous d’empêcher que cela se produise », a déclaré le chef de la diplomatie de l’UE en marge d’un cours à l’Université internationale Menéndez y Pelayo de Santander juste après les élections vénézuéliennes.
Le Premier ministre espagnol a également souligné que Madrid avait accueilli Edmundo González Urrutia par souci d’humanité.
Il a ensuite posé la question de savoir comment le PP et le parti d’extrême droite Vox, troisième force au parlement espagnol, auraient réagi si l’Espagne avait refusé d’accueillir l’opposant de Nicolás Maduro.
« L’asile est un geste d’humanité, un engagement humanitaire de la société espagnole et du gouvernement envers une personne qui souffre malheureusement de persécution et de répression », a conclu Pedro Sánchez.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]