[Mis à jour avec des précisions de YouTube.]
La Slovaquie se rendra aux urnes pour ses élections parlementaires le 30 septembre, premières élections à avoir lieu depuis l’entrée en vigueur de la règlementation européenne sur les services numériques (Digital Services Act, DSA), qui comprend des obligations pour les plateformes de lutter contre la désinformation politique, les discours haineux et l’utilisation de tactiques de manipulation électorale.
EURACTIV a examiné les mesures que les principales plateformes de médias sociaux ont prises avant le vote slovaque, conformément aux nouvelles règles du DSA.
Depuis le 25 août, les plateformes ayant plus de 45 millions de visiteurs par mois sont soumises à de nouvelles obligations dans le cadre du DSA, qui vise notamment à empêcher la propagation de discours haineux et de la désinformation en ligne.
À l’approche des élections en Slovaquie, Facebook, YouTube et TikTok sont particulièrement concernés, en raison de leur popularité auprès des électeurs slovaques et de leur utilisation pour la diffusion de messages politiques.
En outre, le commissaire chargé du marché intérieur, Thierry Breton, s’est inquiété en avril d’une « guerre hybride sur les médias sociaux » pendant les élections slovaques.
Avant la mise en œuvre du DSA, les médias sociaux slovaques ont été confrontés à de nombreux cas de contenu illégaux en ligne, allant de la désinformation sur le COVID-19, à la désinformation sur les soldats de l’OTAN, à la propagande prorusse, à des messages trompeurs sur un prétendu « coup d’État policier », en passant par la diffusion de discours haineux.
Au début du mois d’août, 56 organisations de la société civile ont fait part à la Commission européenne de leurs inquiétudes concernant la manipulation des élections, demandant aux dirigeants de l’UE de veiller à ce qu’il y ait suffisamment de modérateurs de contenu travaillant dans chaque langue européenne. Le slovaque est la langue maternelle de moins de 2 % de la population de l’UE.
YouTube a déclaré à EURACTIV qu’il mettait en œuvre des politiques de modération dans des dizaines de langues, y compris le slovaque. Facebook affirme que ses équipes de modération travaillent avec 70 langues, tandis que TikTok assure qu’il prend en charge 40 langues grâce à un partenariat avec « 15 organisations de vérification des faits à travers le monde ».
Processus de modération
Dès qu’un contenu est signalé à Facebook, YouTube et TikTok, leurs équipes de modération internes vérifient qu’il n’y a pas d’infraction potentielle à leurs « règles communautaires », qui stipulent les restrictions applicables aux propos pouvant être jugés racistes, xénophobes ou homophobes.
YouTube, par exemple, suspend pour une semaine un compte qui enfreint ses règles lors d’une première infraction, puis durant deux semaines si une autre infraction se produit dans les 90 jours et met fin à la chaîne en cas de troisième infraction.
Toutes les plateformes ont mis en place des procédures de lutte contre la désinformation. Les lignes directrices de TikTok, par exemple, « n’autorisent pas les tentatives coordonnées d’influencer ou de faire basculer l’opinion publique ».
Dans un deuxième temps, les experts des trois plateformes procèdent toujours à un examen croisé avec les lois nationales et européennes sur les crimes haineux.
En juin, la chaîne slovaque d’extrême droite Kulturblog a été bannie par YouTube pour avoir enfreint les règles communautaires du site.Cependant, TikTok n’a pas encore pris les mêmes mesures à l’égard de la chaîne.
Un porte-parole de YouTube a déclaré à EURACTIV que la plateforme de partage de vidéos était investie dans le « soutien aux élections avec une approche à plusieurs niveaux, y compris les prochaines élections en Slovaquie ».
Transparence
Les trois plateformes ont mis en place des mesures de transparence concernant le retrait de contenu en ligne, ce qui est désormais obligatoire en vertu de la législation européenne.
YouTube publie dans son « Threat Analysis Group Bulletin » de Google, expliquant, par exemple, que 14 chaînes YouTube liées à la Slovaquie de YouTube ont été résiliées en juin en raison d’une opération d’influence coordonnée favorable à la Russie.
Facebook fait de même dans son rapport semestriel sur la transparence, où la page slovaque indique qu’elle a « restreint l’accès à 162 éléments représentant des sources médiatiques contrôlées par l’État russe en raison des sanctions imposées par l’Union européenne ».
Les rapports « Community Guideline Enforcement » de TikTok sont également disponibles en ligne, mais, pour l’instant, ne fournissent pas de données granulaires pour la Slovaquie.
Selon un porte-parole européen, le DSA « imposera une série d’autres obligations de transparence » d’ici le 30 octobre.
Il s’agit notamment d’informations détaillées sur la modération des contenus, y compris les ressources humaines consacrées à ces processus, qui doivent être ventilées par langue officielle de chaque État membre.
Partenariats
D’ici le 24 février 2024, les plateformes devront obligatoirement signer des partenariats avec des organisations de vérification des faits.
Facebook et YouTube ont élargi de manière proactive leurs programmes de vérification des faits avec des tiers en Slovaquie, en s’associant à Demagog.cz, qui emploie des locuteurs slovaques.
Cette organisation experte et non partisane signalera à Facebook et YouTube les contenus illégaux, que les équipes de modération traiteront en priorité.
Sur sa page web consacrée à l’intégrité des élections, TikTok précise que la plateforme n’autorise ni « la promotion politique rémunérée, la publicité politique ou la collecte de fonds par des politiques et des partis politiques » ni « la désinformation sur les processus civiques et électoraux, quelle qu’en soit l’intention ».
En juillet, Facebook a lancé sa campagne « Facts In Focus » en Slovaquie pour aider les utilisateurs à identifier de fausses informations et à y répondre. De même, en septembre dernier, YouTube a lancé sa campagne « Hit Pause » afin de fournir aux utilisateurs slovaques des conseils pour identifier les tactiques de manipulation.