Éric Zemmour, le fondateur du parti d’extrême droite Reconquête!, a annoncé, mercredi (12 juin), avoir expulsé quatre de ses cinq eurodéputés nouvellement élus, questionnant leur avenir politique au Parlement européen.
Cinq eurodéputés Reconquête! ont été élus dimanche (9 juin), après que le parti d’extrême droite a obtenu 5,5 % des voix lors des élections européennes en France – une première historique pour la formation créée en 2022 par l’ancien journaliste anti-immigration et islamophobe Éric Zemmour.
Tous étaient censés siéger au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) au Parlement, qui abrite également le parti post-fasciste Fratelli d’Italia de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, ou encore le mouvement d’extrême droite espagnol Vox.
Quelques jours après leur élections, ces derniers sont pourtant pris dans une tempête politique, après que l’ancienne tête de liste du parti, Marion Maréchal, se soit brouillée avec Éric Zemmour.
Des divergences sont apparues sur la stratégie à adopter avant les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.
Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen, a ansi appelé Reconquête! à s’allier avec le Rassemblement national (RN, Identité et Démocratie/ID), qui a obtenu près d’un tiers des voix en France lors des élections européennes, afin de créer une « union des droites ».
Cette alliance, qui pourrait aller de Reconquête! à certains membres des Républicains (LR, Parti populaire européen/PPE), a cependant été refusée mardi (11 juin), lorsque le RN a exclu d’être associé « directement ou indirectement » à Éric Zemmour.
Marion Maréchal, ainsi que les eurodéputés nouvellement élus Guillaume Peltier et Laurence Trochu, et l’eurodéputé sortant Nicolas Bay, ont accusé le fondateur du parti d’être responsable de l’échec de l’accord. Éric Zemmour a immédiatement réagi en expulsant les eurodéputés de son parti, mercredi (12 juin).
« Ils devraient remettre leur mandat, ils sont quatre députés européens qui trahissent tous nos militants 48 heures après [leur élection]. C’est le record du monde de la trahison », a déclaré Éric Zemmour sur la chaîne de télévision BFMTV.
Changement d’allégeance ?
Que vont faire les députés renvoyés par Éric Zemmour ? Bien qu’expulsés de leur parti en France, ces derniers ne sont pas obligés de démissionner de leur mandat européen. Aucun d’entre eux n’a d’ailleurs fait part de son intention de le faire.
Peuvent-ils alors toujours siéger au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens, où devrait se retrouver Sarah Knafo, compagne et conseillère d’Éric Zemmour, elle aussi élue dimanche dernier ?
Selon les règles parlementaires, les eurodéputés n’ont pas besoin d’appartenir à un parti pour rejoindre un groupe – ce n’est qu’une question d’affinités politiques et de négociations.
Marion Maréchal et ses collègues pourraient aussi choisir, dans la continuité de leurs appels à une union des extrêmes droites françaises et européennes, de rejoindre le groupe Identité et Démocratie (ID), où siège le RN au Parlement européen et dont il est probable que le parti de Marine Le Pen assure bientôt la présidence.
Le Journal du Dimanche affirme que certains des plus proches alliés de Marion Maréchal devraient recevoir le soutien du RN pour les législatives. « Je ne suis pas en train de retourner au Rassemblement national », a cependant tenu à préciser Marion Maréchal sur X mercredi.
Au niveau européen, compte tenu de l’influence que le RN devrait avoir au sein du Parlement européen, il n’est pas impossible que cette dernière change d’avis.
Nicolas Bay, eurodéputé depuis 2014, d’abord élu sous la bannière du RN, puis sous celle de Reconquête! en 2024, siège depuis février dernier avec les Conservateurs et réformistes européens, mais pourrait lui aussi être tenté de changer à nouveau de famille politique.
Quoi qu’il en soit, les prochains jours seront cruciaux pour Éric Zemmour et les renégats de Reconquête!, qui devront clarifier leur position – à 17 jours du premier tour des législatives en France.