La République tchèque veut intégrer le noyau dur de l’UE, mais pas sa monnaie. Prague souhaite plutôt se concentrer sur la défense commune. Un article d’Euractiv République tchèque.
Le président français a prévu de rencontrer douze chefs d’États européens en dix jours. Le 23 août, il était invité par Christian Kern, le chancelier autrichien, hôte d’une rencontre du « triangle de Slavok », avec ses homologues tchèque et slovaque.
C’est surtout pour Prague que cette réunion était importante. Emmanuel Macron entend mettre en place un noyau dur intégré à l’UE, qui pourrait faire d’autres pays des États périphériques de l’union.
La rencontre de Salzbourg laisse entendre que la République tchèque serait encline à soutenir le projet d’Emmanuel Macron, mais à une condition : pas de monnaie unique dans un avenir proche.
« Utiliser la monnaie unique ne veut pas spécialement dire que le pays fait partie du noyau dur. Il y a quelques jours, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a indiqué que c’était des initiatives comme celle de la défense commune qui déterminaient réellement qui voulait ou non faire partie du noyau dur », a déclaré Aleš Chmelař, secrétaire d’État aux affaires européennes, à Euractiv République tchèque.
« La République tchèque est très active dans les discussions sur la défense commune et est l’un des leaders de l’approfondissement de la coopération entre États membres. Notre approche au sujet de la défense et de la sécurité prouve que le pays mène l’intégration du noyau dur européen », a-t-il ajouté.
L’euro, pas nécessaire
Prague ne peut cependant pas tourner le dos à l’euro pour toujours. C’est pourquoi le gouvernement souhaite obtenir le statut de pays observateur lors des réunions de l’Eurogroupe. Le ministre des Finances pourrait alors assister aux sommets, sans y bénéficier d’un droit de vote.
Les élections s’approchent, et les personnalités politiques tchèques sont donc prudentes. La question de l’entrée du pays dans la zone euro est délicate et déplait à la société. Le statut d’observateur serait un bon compromis montrant la volonté du pays d’être à la table des négociations, de se rapprocher de l’euro, sans pour autant imposer de décision claire à la population.
D’un autre côté, l’avenir du pays dans le cadre de la défense européenne est plus certain. Lors de la dernière conférence de presse de la rencontre du 24 août, Bohuslav Sobotka, le Premier ministre tchèque, a estimé qu’une « coopération structurelle permanente devrait être mise en place le plus rapidement possible ». Robert Fico, son homologue slovaque a pour sa part assuré que l’euro ne pouvait vraiment « pas être une condition à la coopération en Europe ».