Un groupe de 118 eurodéputés a demandé à la Commission européenne de condamner les brutalités policières au sein de l’UE et de convoquer un sommet antiraciste. Il réclame aussi l’adoption d’une loi anti-discrimination bloquée au Conseil depuis 12 ans.
« Nous avons besoin de changement et nous en avons besoin maintenant », ont écrit les législateurs dans une lettre adressée à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, jeudi 4 juin.
« Nous ne pouvons plus temporiser alors que le racisme prospère au sein de nos sociétés et que la brutalité policière affecte les Noirs et les personnes de couleur, en toute impunité ou presque. »
Les eurodéputés ont demandé à l’exécutif d’élaborer un cadre européen destiné à renforcer les stratégies nationales d’inclusion sociale des minorités ethniques, et à fournir davantage de données sur l’égalité. Ils ont appuyé leur requête en citant des cas où la police avait tué des personnes de couleur en Belgique et en France.
Les parlementaires ont également demandé aux États membres de se saisir à nouveau de la loi anti-discrimination proposée en 2008, et restée bloquée au Conseil depuis lors.
En début de semaine, Josep Borrell, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, avait déclaré que l’Europe était « choquée et consternée » par le meurtre de George Floyd, un Afro-Américain, aux États-Unis. Il avait enjoint les autorités américaines à juguler « l’usage excessif de la force ».
« Nous voyons émerger des manifestations qui se déroulent en synchronie avec ce qui se produit aux États-Unis », a relevé Pap Ndiaye, professeur à Sciences Po et spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis, lors d’un débat parlementaire vendredi 5 juin. « Il serait faux de croire que ces questions [concernant] la violence à motivation raciale sont un problème purement américain », a-t-il ajouté.
Des milliers d’Européens sont descendus dans la rue depuis la semaine dernière pour manifester leur solidarité avec le mouvement « Black Lives Matter », notamment à Paris, Londres et Amsterdam. Ils réclament la fin des brutalités policières et du racisme.
« Le racisme structurel est un problème international », a souligné l’eurodéputée libérale María Soraya Rodríguez.
« En Europe, nous devons nous rappeler que nous devons lutter contre les messages de haine, d’où qu’ils viennent, qu’ils soient le fait de dirigeants politiques ou d’organismes qui rejettent la responsabilité de tous nos problèmes politiques sur les autres », a ajouté l’élue espagnole.
En raison du ralentissement du processus législatif lié à la pandémie, la Commission avait envisagé d’ajourner une série d’initiatives destinées à améliorer l’égalité entre les sexes et à protéger les droits de l’homme, les droits sexuels et les droits des minorités ethniques en Europe. Elle a cependant décidé de s’en tenir au calendrier initial concernant les stratégies pour l’égalité des Roms et l’inclusion des personnes LGBTI, qui devraient être présentées à la fin de cette année.