Le Premier ministre suédois a imposé le sujet des politiques de l’emploi au dernier conseil européen.
Stefan Löfven, le Premier ministre suédois, compte bien faire inscrire l’égalité des genres sur le marché du travail dans les priorités de la déclaration sur l’avenir de l’UE que préparent les 27 États membres (sans le Royaume-Uni) à l’occasion des 60 ans du traité de Rome, le 25 mars.
Les questions sociales créent souvent des divisions au sein du Conseil européen. La liste des sujets sur lesquels les gouvernements nationaux ne parviennent pas à s’entendre est longue, et comprend notamment les travailleurs détachés, les allocations familiales et les allocations de chômage.
Le sommet du 25 mars, censé fêter le 60e anniversaire de la signature du traité de Rome et permettre à l’UE d’afficher un front uni face au Brexit, pourrait en réalité jeter une ombre sur les réformes à venir en matière de politiques sociales. En effet, la Commission européenne devrait présenter une série de modifications de la législation un mois après, dont une réforme du congé de maternité garanti au niveau européen, attendu de longue date.
Avenir de l’Europe sociale
Selon des sources au sein des institutions, des mesures visant à réduire les inégalités salariales entre hommes et femmes, qui atteignent une moyenne de 16 % dans le bloc, pourraient également être annoncées le 26 avril. Les désaccords des États membres sur ces questions devraient cependant créer un environnement tendu autour de ces réformes.
Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a indiqué que malgré les différends des capitales, les politiques sociales devraient être une priorité de l’UE dans un avenir proche. Le 26 avril, jour où seront annoncées les réformes, il publiera un rapport précisant sa vision pour les politiques sociales européennes. Ce sera le premier rapport sur l’avenir de l’UE publié par le président de l’exécutif cette année.
Les appels de Stockholm à plus d’égalité entre hommes et femmes n’ont pas plu à Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, qui ne veut pas inscrire le sujet dans la déclaration du 25 mars. Il a prévenu ses homologues de « faire preuve de prudence » en ce qui concerne la mention de politiques sociales dans la déclaration, a indiqué une porte-parole, qui souligne qu’il « y a autant de systèmes sociaux que d’États membres ».
Travailleurs détachés
Beata Szydło, le Première ministre polonaise, s’est quant à elle déclaré opposée à toute politique sociale qui pourrait affaiblir le marché unique. La Polonaise a beaucoup fait parler d’elle durant les deux jours de sommet en s’opposant férocement à la réélection de Donald Tusk à la présidence du Conseil.
Varsovie fait partie d’un petit groupe d’États membres, pour la plupart d’Europe de l’Est, qui assure que le projet de directive sur les travailleurs détachés contredit les règles du marché unique. Les Polonais sont les citoyens européens le plus fréquemment envoyés travailler dans d’autres États membres. Le gouvernement estime que les restrictions que Bruxelles compte imposer à ce type d’emplois sont discriminatoires. Face à la Pologne, la France, l’Allemagne et l’Autriche font partie des pays qui veulent mettre un terme à l’octroi d’emplois peu rémunérés à des citoyens d’autres États membres.
L’égalité pour la croissance
« Il ne s’agit pas seulement de ce qui est juste, mais aussi de croissance et de productivité », a souligné un conseiller de Stefan Löfven. « [Ces mesures] ne se limitent pas à une question de justice, il s’agit aussi d’expliquer aux autres États membres comment aider l’Europe. »
Le conseiller a indiqué que le Premier ministre suédois compte s’assurer que la formulation de la déclaration comprend une reconnaissance des bénéfices économiques liés à un meilleur accès des femmes au marché du travail et ne se limite pas à une recommandation clichée sur les bienfaits de l’égalité des genres.
Stefan Löfven est un élu social-démocrate et ancien dirigeant d’un syndicat. Son administration se targue d’être le premier gouvernement féministe au monde. En novembre, il organisera avec Jean-Claude Juncker un sommet sur les droits sociaux et l’emploi dans la ville de Gothenburg.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a pour sa part reconnu qu’il serait difficile de promouvoir davantage de coopération au niveau social sans froisser certains États membres. « Certains pays disent se retrouver totalement dans la dimension sociale de l’Europe, mais ils admettent les compétences des États », a-t-elle indiqué lors d’une conférence de presse. Elle a souligné les différences dans les systèmes de santé, exemple des approches diverses des gouvernements vis-à-vis des politiques sociales.
Dans un document de travail préparant la déclaration du 25 mars, les dirigeants européens disent vouloir encourager « une Europe qui promeut l’égalité des chances et des droits pour tous ; une Europe qui lutte contre la discrimination, l’exclusion sociale et la pauvreté ».