La Cour des comptes européenne, chargée de superviser la garantie pour la jeunesse, a admis ne pas encore avoir trouvé un seul jeune ayant trouvé un emploi grâce à cette initiative phare de la Commission.
Le 24 mars, la Cour des comptes européenne a publié son premier rapport sur l’initiative pour l’emploi des jeunes, censée offrir un emploi « de qualité » aux jeunes en inactivité dans un délai de quatre mois. La garantie pour la jeunesse a été mise en place suite à la raréfaction des débouchés pour les jeunes, phénomène aggravé par la crise de la zone euro (voir « Contexte »).
De 2014 à 2020, l’UE a alloué 12,7 milliards d’euros du budget européen à cette initiative, et les États membres doivent fournir des fonds supplémentaires.
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Iliana Ivanova, membre de la CCE chargée du rapport, a rencontré la presse pour discuter de ses conclusions.
La Cour ne connait pas le volume des fonds qui ont déjà été dépensés jusqu’à présent. Si les États membres ont fourni des informations à des degrés de détail divers, neuf pays n’ont communiqué aucune donnée quant à leur engagement. Il s’agit de l’Estonie, de l’Espagne, de la Finlande, de l’Irlande, du Luxembourg, de Malte, de la Pologne, de la Suède et du Royaume-Uni.
Trois embûches majeures
Dans son rapport, la CCE identifie trois facteurs qui pourraient empêcher le bon fonctionnement de la garantie pour la jeunesse.
Le premier est le risque lié à l’insuffisance des financements et au manque d’informations disponibles quant au coût global de la mise en place de l’initiative dans l’UE. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), ce programme devrait disposer d’un budget de 21 milliards d’euros par an pour être efficace.
La concrétisation de l’initiative a été examinée dans cinq États membres : la France, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie et le Portugal. La Commission leur a demandé de lui communiquer le coût des réformes structurelles nécessaires au programme, mais aucun de ces pays ne l’a fait.
Le deuxième est lié à la définition d’un emploi « de qualité ». Comme l’explique Iliana Ivanova, certaines entreprises pourraient profiter de la garantie jeunesse pour se doter d’une main d’œuvre bon marché.
Le troisième risque concerne la surveillance et les rapports de la Commission, jugés inadéquats. Jusqu’ici, l’exécutif européen a soutenu la mise en place des programmes de garantie pour la jeunesse des États membres, mais n’a pas mené d’étude d’impact établissant les coûts et bénéfices attendus, contrairement à la norme.
Si la garantie pour la jeunesse peut sembler chère, l’alternative l’est encore plus, puisque les pays dépenseraient bien plus en indemnités de chômage. Celles-ci s’élèveraient à 153 milliards d’euros par ans, soit 1 % du PIB de l’UE, selon les estimations, qui ne tiennent même pas compte du coût social lié aux longues périodes de chômages pour un grand nombre de citoyens.
La CCE devrait publier un rapport plus exhaustif et encore plus critique cet été.
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