Selon le rapport d’une association, un Parlement unique à Bruxelles ne serait pas plus économique que de maintenir le siège de Strabourg. Une estimation qui contrecarre l'argument principal des eurodéputés anti-Strasbourg.
La controverse sur le coût du siège strasbourgeois du Parlement européen connaît un nouveau rebondissement. Un rapport intitulé « pour en finir avec la controverse sur le Parlement européen de Strasbourg » contredit les arguments économiques des « pro Bruxellois », et défend l’existence du siège du Parlement dans la capitale alsacienne.
Les eurodéputés s’étaient déjà penchés sur la question en novembre dernier, en adoptant à 483 voix contre 141 un rapport visant se débarrasser de l’obligation de siéger à Strasbourg.
Le coût du siège alsacien du parlement européen est le premier argument des « pro bruxellois » pour appeler à sa suppression. Ces derniers évaluent le coût de la navette mensuelle entre les deux villes à un coût compris entre 156 et 204 millions d’euros par an.
De son côté, le rapport de l’AEJE (Association européenne des Jeunes Entrepreneurs) estiment ce coût à 51,5 millions d’euros, soit 10 centimes par an et par citoyen. Pour avancer une telle estimation, le rapport se fonde sur des chiffres fournis par l’administration du Parlement européen.
Le deuxième argument des « anti Strasbourg » porte sur l'impact environnemental des allers et venues des eurodéputés entre Bruxelles et la capitale alsacienne, soit environ 3000 personnes toutes les semaines. Pourtant, selon le rapport de l’AEJE, l’empreinte carbone du site est en constante régression depuis 2006.
Un gouffre financier
Plus déroutant encore, le rapport affirme que la constitution d’un parlement unique à Bruxelles entraînerait un coût évalué à 1,2 milliard d’euros. En effet, en cas de transfert du Parlement dans la capitale belge, il faudrait trouver de nouveaux locaux plus grands, dans un « marché bruxellois sursaturé pour ce type de besoins » selon le rapport. Ce à quoi s’ajoutent les coûts d’entretien des locaux laissés vides à Strasbourg, et les dommages économiques et sociaux pour la ville désertée. Pour les auteurs du rapport, il s’agirait d’un réel gouffre financier.
Les traités européens stipulent que le siège strasbourgeois du Parlement est le siège officiel, et même si chaque année seules 12 sessions plénières de 4 jours y ont lieu, la France y est attachée.
Daniel Cohn Bendit en a récemment fait l’expérience. Roland Ries, le maire de la capitale alsacienne devait lui décerner le 26 février dernier, la médaille d’honneur de la ville, mais il n’en sera rien. La raison ? Quelques jours plus tôt, Daniel Cohn Bendit déclarait complètement anachronique le maintien du parlement strasbourgeois, ce qui a déplu à l’élu alsacien.
Le débat ressurgit régulièrement en plénière, même si les eurodéputés n'ont aucun pouvoir décisionnaire sur le choix du siège des institutions, la prérogative appartienant au Conseil.
Le 26 février, le président de la République tchèque, Miloš Zeman a remis le sujet sur la table en appelant à l’abandon du siège strasbourgeois face aux eurodéputés… rassemblés à Strasbourg pour la session plénière mensuelle.
L'appel aprovoqué l'émoi de plusieurs eurodéputés qui se sont associés pour dénoncer les propos du président tchèque.
Dans une tribune intitulée « Notre Rêve européen passe par Strasbourg », les eurodéputés français Véronique Mathieu Houillon, Jean-Pierre Audy, Catherine Trautmann et Sandrine Bélier rappellent leur attachement au siège de Strasbourg pour des raisons historiques, juridiques et politiques