Le Parti de la liberté (FPÖ), parti d’extrême droite autrichien, a appelé son gouvernement à défendre la Hongrie après que des eurodéputés ont mis en doute la capacité de la Hongrie à assurer la présidence tournante du Conseil de l’UE au second trimestre 2024.
Jeudi (1er juin), le Parlement européen s’est interrogé sur la capacité de la Hongrie à assumer la présidence tournante du Conseil de l’UE au cours du second semestre de l’année prochaine, évoquant des problèmes d’État de droit et de détérioration de la démocratie.
Pour le FPÖ, cependant, la Hongrie a été victime de « l’establishment de l’UE ».
« Il s’agit d’une attaque lâche et injuste de l’establishment de l’UE contre un État membre gênant qui ne dit pas “oui et amen” à tout ce qui vient de Bruxelles et dont le Premier ministre se préoccupe avant tout du bien-être de son propre peuple », a déclaré Herbert Kickl, le chef du FPÖ, dans un communiqué.
« J’attends du gouvernement fédéral autrichien qu’il prenne l’initiative à tous les niveaux possibles pour protéger notre pays voisin de l’UE », a-t-il ajouté.
Le parti d’extrême droite, qui a été évincé du gouvernement en 2019 en raison de l’un des plus grands scandales de corruption de l’histoire de l’Autriche, l’affaire « Ibiza », est actuellement le plus puissant parti d’Autriche avec une moyenne de 27 % dans les sondages, contre 16 % lors des dernières élections en 2019.
M. Kickl s’est depuis proclamé « chancelier du peuple » et a annoncé publiquement ses plans pour la chancellerie après les prochaines élections générales autrichiennes en 2024.
Le parti a forgé une relation forte avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban. En mai, M. Kickl a appelé l’Autriche à « suivre l’exemple de M. Orbán ». « Construisons la forteresse Autriche », avait-il alors déclaré.
Lorsque M. Kickl a rendu visite à M. Orban à Budapest une semaine plus tard, il a qualifié la Hongrie de « havre d’autodétermination nationale et de résistance à l’emprise mondialiste de Bruxelles ».
La « responsabilité » du gouvernement allemand
Entre-temps, les Verts au pouvoir en Allemagne ont demandé que la présidence hongroise du Conseil de l’UE soit reportée.
« Un État membre comme la Hongrie, qui sape délibérément les valeurs et les institutions de l’UE, ne peut pas présider la législation européenne pendant six mois », a déclaré à EURACTIV Chantal Kopf, l’oratrice des Verts sur les questions européennes, reflétant ainsi le soutien des Verts à la résolution.
« Il est de la responsabilité du gouvernement allemand de vérifier dans quelle mesure la Hongrie peut répondre aux exigences de la présidence du Conseil. Si elle [n’est pas apte à le faire], nous devons envisager de reporter la présidence hongroise », a-t-elle ajouté.
L’Allemagne a déjà mis en doute la capacité de la Hongrie à présider le Conseil avant le vote du Parlement européen, la ministre écologiste à l’Europe et au Climat, Anna Lührmann, ayant déjà exprimé ses inquiétudes avant le vote du Parlement, en début de semaine.
« Je doute que la Hongrie parvienne à superviser une présidence réussie », a-t-elle déclaré aux journalistes avant une réunion du Conseil Affaires générales.
Le gouvernement allemand s’est imposé comme l’un des plus virulents critiques des violations de l’État de droit commises par la Hongrie. La Commission européenne a reçu beaucoup d’éloges de la part du gouvernement allemand lorsqu’elle a gelé les quelque 22 milliards d’euros destinés à la Hongrie en décembre, lorsque la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait qualifié cette décision de « très bonne ».
« Il s’agit de nos valeurs, de l’État de droit dans l’ensemble de l’Union européenne », a déclaré la ministre écologiste à l’époque.
La répression allemande des violations de l’État de droit au sein de l’Union a également été inscrite dans l’accord de coalition, où le gouvernement de coalition tripartite a encouragé la Commission européenne à adopter une position plus stricte à l’égard des pays qui sapent l’État de droit.