Lors de ses « Journées d’études » du 2 au 5 juillet à Cascais, au Portugal, le Parti populaire européen (PPE) en profitera pour explorer les possibilités de maintenir les voitures à moteur à combustion interne après 2035, honorant ainsi l’un de ses principaux engagements électoraux.
Le Parti populaire européen (PPE) a obtenu le plus grand nombre de sièges lors des élections européennes, et les conservateurs allemands de l’Union chrétienne-démocrate et l’Union chrétienne-sociale (CDU/CSU) restent la délégation nationale la plus puissante au sein du groupe.
Une pression politique de la part des Allemands pour révoquer l’interdiction de facto des voitures à moteur à combustion interne prévue par l’UE pour 2035 est donc très probable.
« Le retrait de l’interdiction des moteurs à combustion était l’une de nos principales demandes lors de la campagne électorale », a déclaré à Euractiv Jens Gieseke (CDU, PPE)
Le PPE doit désormais concrétiser sa promesse.
« Il y a plusieurs options », a ajouté l’eurodéputé, qui a mené les négociations pour le PPE sur ce dossier lors du cycle législatif précédent (2019-2024). « Je ne peux pas encore dire ce que nous ferons exactement. »
Le groupe se réunira à Cascais, au Portugal, du 2 au 5 juillet, pour définir ses exigences pour le prochain agenda législatif de la Commission européenne, y compris sur les modifications des normes de CO2 pour les voitures, a précisé Jens Gieseke.
Actuellement, les normes européennes en matière de CO2 imposent aux constructeurs automobiles de réduire de 100 % leurs émissions moyennes de gaz d’échappement d’ici 2035, ce qui interdit de facto la vente de voitures neuves équipées d’un moteur à combustion interne. Le marché des voitures d’occasion reste, quant à lui, épargné.
Après l’accord conclu avec le ministre allemand des Transports Volker Wissing (FDP, Renew) pour faire passer ces normes de CO2, la Commission s’est engagée à créer une nouvelle catégorie juridique pour les voitures fonctionnant exclusivement avec des carburants de synthèse et neutres sur le plan climatique. Ces véhicules seraient considérés comme n’émettant pas de CO2 et seraient autorisés, même après l’entrée en vigueur de l’objectif de 2035.
« Le processus de mise en œuvre de la catégorie « carburants de synthèse uniquement » progresse très lentement », a affirmé Jens Gieseke.
Selon Volker Wissing, ce retard est lié au fait que l’industrie automobile nécessite de plus de temps pour établir des critères techniques, garantissant que les véhicules roulant uniquement au carburant de synthèse ne soient alimentés qu’avec ces derniers, et non avec des carburants conventionnels, chimiquement presque identiques.
Toutefois, il existe également un différend non résolu entre les États membres sur les critères de neutralité climatique qui devraient s’appliquer aux carburants de synthèses éligibles.
Facteur de correction du carbone, objectif de 90 %
Pour révoquer l’interdiction de facto des nouveaux moteurs à combustion interne, le PPE envisage de réintroduire les amendements qu’il avait proposés sans succès en 2022.
Il s’agit notamment d’un « facteur de correction du carbone » (CCF) qui prévoit que la part globale des carburants alternatifs, pas issus du pétrole brut, tels que les biocarburants ou les carburants de synthèse, soit prise en compte dans les objectifs de réduction des émissions de CO2.
Il autoriserait la vente de nouveaux véhicules à essence ou diesel après 2035, à condition qu’un volume équivalent de carburants alternatifs soit ajouté à l’ensemble des carburants.
Une autre proposition vise à réduire à 90 % l’obligation de 100 % de réduction des émissions imposée aux constructeurs automobiles.
Jens Gieseke a également exprimé son soutien à la création d’une catégorie de voitures roulant uniquement au carburant de synthèse de Volker Wissing, qui, contrairement au CCF, permet aux nouvelles voitures de fonctionner exclusivement au carburant de synthèse.
« J’ignore si les nouveaux membres du groupe parlementaire suivront ma ligne [objectif de 90 % + CCF + catégorie « carburants de synthèse uniquement »] », a ajouté Jens Gieseke
Cependant, une fois l’accord obtenu, « j’aimerais voir une proposition de la Commission européenne dès que possible, c’est-à-dire dès 2025 ».
Carburants de synthèse uniquement
Les carburants de synthèses peuvent être produits à partir du CO2 capturé dans l’atmosphère ou, jusqu’en 2041, conformément aux règles de l’UE, extrait de sites industriels tels que les cimenteries.
« Il est insensé de faire fonctionner les moteurs à combustion avec des combustibles fossiles à l’avenir, car nous ne deviendrons pas neutres sur le plan climatique. D’un autre côté, il est également absurde de renoncer à l’option des biocarburants », affirmait Volker Wissing en mai dernier.
Il n’a accepté les règles européennes en matière de CO2 qu’après que Frans Timmermans, alors vice-président de la Commission, s’est engagé par écrit à exempter les voitures roulant uniquement au carburant de synthèse. Cependant, le président du FDP et ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a annoncé après les élections que cela ne suffira pas.
L’abrogation de l’interdiction des moteurs à combustion « devrait aller au-delà de l’exception pour les carburants de synthèse et aboutir à un changement d’ici 2026 au plus tard », a ajouté Christian Lindner, le lundi suivant les élections européennes.
Il en a fait l’une des trois conditions pour soutenir un second mandat d’Ursula von der Leyen en tant que présidente de la Commission. La législation européenne sur le CO2 exige une révision des objectifs en 2026.
« Nos conditions restent inchangées », a confirmé un porte-parole du FDP à Euractiv jeudi (20 juin).
Sans le soutien du FDP, le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD, S&D) pourrait être contraint de s’abstenir lors du Conseil européen sur tout vote visant à reconduire Ursula von der Leyen dans ses fonctions. Toutefois, cela n’empêcherait pas nécessairement l’actuelle présidente de la Commission européenne de remporter son second mandat.
[Édité par Anna Martino]