Les autorités polonaises ont décidé de procéder à des coupes importantes dans la dernière forêt primaire du continent, notamment pour des raisons touristiques. Les écologistes et Bruxelles protestent. Un article de notre partenaire le JDLE.
Les autorités polonaises considèrent que ce sont des opérations de «protection». Les associations environnementales estiment que c’est de la destruction pure et simple. La forêt de Bialowieza, sur la frontière entre la Pologne et le Bélarus, est la proie des bûcherons depuis le 24 mai.
Avec la bénédiction des autorités polonaises qui craignent une infestation d’insectes xylophages, des dizaines de milliers d’hectares de cette forêt primaire, unique au plan continental, risquent de finir en bûches.
Les juristes de ClientEarth et 6 ONG ont déposé une plainte contre l’Etat polonais, à l’unisson des protestations émises par la Commission. Le ministère de l’environnement est venu longuement s’expliquer à Bruxelles le 23 mai. Il a invité «le monde entier» à venir sur place pour comprendre les tenants et les aboutissants de l’opération en cours.
900 bisons d’Europe
La forêt de Bialowieza est un vaste massif de forêt ancienne, composée de conifères et de feuillus parmi les plus anciens du continent. La forêt, d’une superficie totale de 141.885 ha, est classée au Patrimoine mondial et réserve de biosphère par l’Unesco. Le site protège une faune diverse et riche, rappelle l’Unesco, dont 59 espèces de mammifères, plus de 250 espèces d’oiseaux, 13 amphibiens, 7 reptiles et plus de 12.000 espèces d’invertébrés.
Environ 900 bisons d’Europe y vivent, soit près de 25% de la population mondiale totale. Autre particularité, qui lui vaut en partie les déboires actuels: le site est riche en bois mort, sur pied et tombé, et l’on y trouve donc une diversité élevée de champignons et d’invertébrés saproxyliques.
Insectes inféodés
Car la forêt serait attaquée massivement par des insectes xylophages, ont estimé les autorités, qui ne cachent pas leur intention d’éclaircir le massif, «pour des raisons de santé et de sécurité des populations.»
Le site est très couru des touristes, venus pour admirer les bisons. «Le ministre de l’environnement ne comprend pas que cet insecte [xylophags] a toujours existé et que la forêt y a bien survécu», a déclaré une militante de Greenpeace, mobilisée aux côtés du WWF. Une délégation de l’Unesco doit venir en Pologne du 4 au 8 juin pour étudier la situation.