Les climatologues ont pointé du doigt la faiblesse des promesses (INDC) faites par les États en amont du sommet de Paris sur climat. Ces dernières ne représentent que 15 à 20% de l’effort nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à 2°C.
Ce mercredi 8 juillet, à Paris, au cours du colloque Our Common Future, plusieurs climatologues ont tenté d’évaluer le bénéfice climatique des 18 premières INDC. Non sans difficulté.
« Par nature, les INDC sont difficilement comparables entre elles, reconnaît Navroz Dubash, chercheur au centre de recherche politique, un think tank indien. Leur champ d’application varie considérablement d’un pays à l’autre; certaines incluent l’adaptation, la technologie, les financements, d’autres pas; on ne sait non plus quel est leur statut juridique. »
55 % des émissions
Michel Den Elzen s’est pourtant pris au jeu. L’analyste de l’agence d’évaluation environnementale des Pays-Bas (PBL) a évalué les effets, sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), des 18 INDC déjà publiées. Bonne nouvelle, malgré leur petit nombre, elles sont représentatives, couvrant plus de 55 % des émissions anthropiques de GES.
Mauvaise nouvelle: les engagements nationaux sont très insuffisants pour stabiliser le réchauffement. « Au mieux, ils permettront d’éviter l’émission de 3 ou 4 GtCO2, soit 15 à 20 % de l’effort nécessaire », estime-t-il. Autant dire qu’on ralentira, à peine, l’irrépressible accroissement de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Un bond des émissions
« Si les trajectoires annoncées par l’Union européenne ou les États-Unis sont cohérentes avec l’objectif des 2 °C, ce n’est pas du tout le cas de la Chine », estime le climatologue néerlandais. Pas faux. Les dernières estimations font état d’un possible pic des rejets chinois vers 2030 ; un pic qui pourrait culminer à 15 Gt CO2 par an : quasiment moitié plus qu’actuellement. Selon les calculs de Michel Den Elzen, les émissions anthropiques, telles qu’annoncées par les INDC, devraient ainsi bondir à 58 Gt CO2, en 2030, contre 37 Gt en 2012.
« À ce rythme, avance Philippe Ciais, du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), l’humanité aura épuisé en 30 ans son budget carbone compatible avec le 2 °C. »
Il y a trois semaines, l’agence internationale de l’énergie avait analysé les 12 premières INDC. Conclusion de l’agence de l’OCDE : « Si aucune mesure plus forte n’est prise après 2030, le scénario INDC aboutira à une augmentation moyenne de la température de 2,6 °C d’ici à 2100. »
Cet article a initialement été publié sur le site du JDLE.
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