Cet article fait partie de l'édition spéciale Villes et régions contre le changement climatique.
Edition spéciale. Les collectivités locales poussent les États à revoir à la hausse leurs ambitions de réduction de CO2. Mais les négociations climatiques, entre Etats, les prennent peu en compte.
La reconnaissance du rôle des territoires dans les négociations internationales sur le changement climatique avance à petits pas. Impliquées de longue date dans la mise en œuvre des engagements internationaux en matière climatique, les villes et les régions souhaitent que leur engagement soit davantage reconnu.
Dans une résolution adoptée à l’unanimité au Sénat le 16 novembre, les élus français appellent « les États à reconnaître le rôle fondamental des territoires et des collectivités qui les représentent pour le succès de l’accord de Paris ».
« Échelon le plus pertinent »
Un appel qui se justifie selon les sénateurs, car les territoires sont « l’échelon le plus pertinent de mise en œuvre des engagements nationaux en matière d’atténuation et d’adaptation aux effets des dérèglements climatiques ».
« Selon le programme des Nations unies pour l’environnement, 70 % des actions doivent être menées au niveau local » a souligné le sénateur Jérôme Bignon, auteur d’une résolution sur le rôle des territoires pour la réussite de la COP 21.
Et les émissions de CO2 sont elles aussi concentrées dans les villes, qui représentent à elles seules environ 70% des émissions au niveau mondial.
Leviers d’intervention multiples
Les leviers d’intervention des régions sont multiples, selon Jérôme Bignon, qui cite « la gestion des déchets, le développement des transports collectifs et des énergies propres […] la protection du littoral et la coopération décentralisée envers les pays moins avancés ».
« Le rôle central des territoires mérite reconnaissance et soutien. Ils seront à l’honneur, la France y travaille. Le 8 décembre sera consacré à leurs engagements » a affirmé la secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin.
Reconnaissance des collectivités locales
De fait, la mobilisation de l’échelon local est aujourd’hui prise en compte par les négociateurs onusiens. « Le texte qui a été produit à Bonn en Allemagne distingue les régions et les villes des autres parties de la négociation telles que les entreprises ou la société civile » explique Bernard Soulage, vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes et membre du Comité des régions européen (CoR)
>>Lire : Dernière ligne droite pour les négociations climatiques à Bonn
Cette distinction, déjà opérée lors de la conférence de Cancún en 2010 avait disparu lors des négociations de la Cop20 de Lima en 2014. « Les trois endroits dans le texte où l’on parle des collectivités locales ne font pas l’objet de blocage, et devraient rester dans le texte final » poursuit Bernard Soulage.
Ambitions élevées
Les territoires espèrent également pousser les États à un accord plus ambitieux dans le cadre de la COP 21, qui espère limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici la fin du siècle. Au niveau européen, le Comité des Régions a adopté en octobre un rapport qui appelle l’UE à adopter des objectifs de réduction de Co2 plus ambitieux en visant un objectif zéro carbone en 2050.
>>Lire : L’UE en route pour les – 60 % de CO2 d’ici 2050
Parmi les propositions, figure également la mise en place d’un mécanisme permettant d’évaluer et de rehausser régulièrement (tous les cinq ans) les contributions des États.
Divisions
L’engagement des régions européennes n’est cependant pas exempt de divisions, qui suivent parfois les lignes de fractures qui séparent déjà les États membres.
L’initiative Under 2 qui regroupe les régions du monde souhaitant s’engager en faveur d’une réduction de 80 à 95 % des émissions de CO2 d’ici 2050, par rapport aux niveaux enregistrés en 1990, a séduit quelques régions, notamment en Allemagne (Baden-Wüttemberg) en Espagne (Catalogne) ou en France (Rhône-Alpes), mais peine à séduire en Pologne.
>>Lire : Les régions européennes veulent faire plus pour le climat
Le pays européen, très dépendant du charbon, a fortement freiné les ambitions européennes en matière de climat.
>>Lire : La Pologne s’estime victorieuse à l’issue du sommet sur le climat
« En Allemagne nous allons avoir d’autres signataires, en France la région Ile-de-France a également annoncé sa volonté de rejoindre le protocole d’accord » souligne Bernard Soulage. « Mais en Pologne, c’est plus compliqué ».
« J’attends une réponse de la région de Cracovie, la deuxième du pays, qui hésite à s’engager au sein de l’initiative » souligne Bernard Soulage.
Pour l’heure le protocole « Under 2 » a regroupé les signatures de 57 régions dans le monde, qui représentant plus de 17% du PIB mondial .