Après leur échec à Lima, villes et régions espèrent faire valoir leurs rôles dans la future gouvernance de l’agenda des solutions, parallèle à l’accord de Paris sur le climat.
La mobilisation des collectivités territoriales ne faiblit pas pendant la COP 21, qui souhaitent mettre la main sur l’agenda des solutions, volet complémentaire à l’accord de Paris qui regroupe les actions et propositions des acteurs non-étatiques pour rendre effective la transition écologique.
Lima-Paris Action Agenda
Cet agenda, rebaptisé LPAA – Lima-Paris Action Agenda, et en grande partie nourri des contributions des collectivités locales, devrait hériter d’une gouvernance plus ouverte. « C’est pourquoi nous appelons les États à conforter et pérenniser cet agenda, en ouvrant sa gouvernance aux réseaux représentatifs de ces acteurs non-étatiques » souligne une déclaration des acteurs non-étatiques adoptée le 2 décembre.
« Il ne faut pas que les négociations butent comme lors de la conférence de Lima sur la question de la place des collectivités locales. « Nos engagements doivent être complémentaire de ceux des États, voire même intégrés à ceux des États» a martelé Bernard Soulage, vice-président de la région Rhône-Alpes et membres du Comité des Régions (CdR).
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Et pour cause, l’engagement pris au niveau régional surpasse parfois les engagements des États. Au Canada, un des « mauvais élèves » des négociations climatiques en termes de contributions nationales, les États fédérés ont fait preuve d’une ambition plus poussée.
« L’État fédéré de Québec s’est engagé en faveur d’une réduction de 37,5 % de ses émissions de CO2. Il s’agit de l’engagement le plus important du Canada. Il y a un véritable leadership des États fédérés » soutient David Heurtel, ministre à l’Environnement de la province de Québec.
« Sans la mobilisation des territoires, aucun État n’atteindra ses engagements » a prévenu le sénateur Ronan Dantec.
Faiblesse des financements pour le local
Autre problématique, la question des financements. « Depuis Lyon nous avons un constat partagé sur le fait que les flux sont insuffisants, il faudrait doubler voire tripler les flux financiers à destination des collectivités pour avoir des villes résilientes », relève une participante.
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La question de l’accès aux financements se pose de manière encore plus urgente pour les territoires du Sud, qui comptent sur le soutien des pays développés pour mettre en œuvre des projets d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.
Et pour l’heure, la mécanique des fonds destinés au climat dans les pays en développement ne leur sont pas accessibles. « Aujourd’hui le Fonds vert pour le climat est pensé pour faire du massifié. Mais il y a des projets d’adaptations qui doivent se faire au niveau des territoires», regrette Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross France.
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« Le financement est au cœur de la réponse, et ils doivent aller jusqu’aux territoires du Sud » a affirmé le sénateur français Ronan Dantec.
Viser le 1,5 °C
Autre demande relayée par la déclaration, celle de relever le niveau d’exigence de l’accord. «Nous rappelons l’impératif pour la communauté internationale d’éviter au XXIe siècle une montée des températures supérieures à 2 °C, avec en perspective une limitation à 1,5 °C » souligne la déclaration.
Une demande qui est également soutenue par 106 pays allant des Philippines au Bangladesh en passant par les petits états insulaires tels que Kiribati, qui ont également demandé le 1er décembre un objectif de 1,5 °C.
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Pour l’heure, les différentes contributions nationales remises par les pays devraient permettre de limiter le réchauffement climatique à 2,8 °C, un objectif qui aurait des conséquences irréversibles sur les environnements des pays les plus vulnérables.