Les territoires accentuent la pression sur les négociations climatiques

Bernard Soulage, le vice-président de la région Rhône-Alpes [Ludovic Péron/Wikipedia]

Après leur échec à Lima, villes et régions espèrent faire valoir leurs rôles dans la future gouvernance de l’agenda des solutions, parallèle à l’accord de Paris sur le climat. 

La mobilisation des collectivités territoriales ne faiblit pas pendant la COP 21, qui souhaitent mettre la main sur l’agenda des solutions, volet complémentaire à l’accord de Paris qui regroupe les actions et propositions des acteurs non-étatiques pour rendre effective la transition écologique.

Lima-Paris Action Agenda

Cet agenda, rebaptisé LPAA – Lima-Paris Action Agenda, et en grande partie nourri des contributions des collectivités locales, devrait hériter d’une gouvernance plus ouverte.  « C’est pourquoi nous appelons les États à conforter et pérenniser cet agenda, en ouvrant sa gouvernance aux réseaux représentatifs de ces acteurs non-étatiques » souligne une déclaration des acteurs non-étatiques adoptée le 2 décembre.

 « Il ne faut pas que les négociations butent comme lors de la conférence de Lima sur la question de la place des collectivités locales. « Nos engagements doivent être complémentaire de ceux des États, voire même intégrés à ceux des États»  a martelé Bernard Soulage, vice-président de la région Rhône-Alpes et membres du Comité des Régions (CdR).

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Et pour cause, l’engagement pris au niveau régional surpasse parfois les engagements des États. Au Canada, un des « mauvais élèves » des négociations climatiques en termes de contributions nationales, les États fédérés ont fait preuve d’une ambition plus poussée.

 « L’État fédéré de Québec s’est engagé en faveur d’une réduction de 37,5 % de ses émissions de CO2. Il s’agit de l’engagement le plus important du Canada. Il y a un véritable leadership des États fédérés » soutient David Heurtel, ministre à l’Environnement de la province de Québec.

« Sans la mobilisation des territoires, aucun État n’atteindra ses engagements » a prévenu le sénateur Ronan Dantec.

Faiblesse des financements pour le local

Autre problématique, la question des financements.  « Depuis Lyon nous avons un constat partagé sur le fait que les flux sont insuffisants, il faudrait doubler voire tripler les flux financiers à destination des collectivités pour avoir des villes résilientes », relève une participante.

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La question de l’accès aux financements se pose de manière encore plus urgente pour les territoires du Sud, qui comptent sur le soutien des pays développés pour mettre en œuvre des projets d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.

Et pour l’heure, la mécanique des fonds destinés au climat dans les pays en développement ne leur sont pas accessibles.  « Aujourd’hui le Fonds vert pour le climat est pensé pour faire du massifié. Mais il y a des projets d’adaptations qui doivent se faire au niveau des territoires», regrette Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross France.

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« Le financement est au cœur de la réponse, et ils doivent aller jusqu’aux territoires du Sud » a affirmé le sénateur français Ronan Dantec.

Viser le 1,5 °C

Autre demande relayée par la déclaration, celle de relever le niveau d’exigence de l’accord. «Nous rappelons l’impératif pour la communauté internationale d’éviter au XXIe siècle une montée des températures supérieures à 2 °C, avec en perspective une limitation à 1,5 °C » souligne la déclaration.

Une demande qui est également soutenue par 106 pays allant des Philippines au Bangladesh en passant par les petits états insulaires tels que Kiribati, qui ont également demandé le 1er décembre un objectif de 1,5 °C.

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Pour l’heure, les différentes contributions nationales remises par les pays devraient permettre de limiter le réchauffement climatique à 2,8 °C, un objectif qui aurait des conséquences irréversibles sur les environnements des pays les plus vulnérables.

Pour parvenir à un nouvel accord universel sur le climat, applicable à tous, les délégués des 195 pays-parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se sont régulièrement réunis pour avancer sur le texte qui sera voté à Paris en décembre.

Lors de la première session de négociations, du 8 au 13 février à Genève (Suisse), ils ont poursuivi les travaux à partir des premiers éléments déjà produits lors de la COP20 de Lima (Pérou), du 1er au 14 décembre 2014. Au terme d’une semaine de travail, les délégués se sont mis d’accord sur un texte de 86 pages devant servir de base pour les sessions suivantes au nombre de quatre. La dernière session a eu lieu du 19 au 23 octobre à Bonn (Allemagne), siège de la CCNUCC. Les 1 300 délégués ont finalisé le texte qui sera discuté lors de la COP21

En parallèle du processus de négociation, le ministre des Affaires étrangères et du Développement international et futur président de la COP21 Laurent Fabius a organisé deux réunions de consultations ministérielles informelles, en juillet (en savoir plus) et en septembre (en savoir plus), à Paris. L’objectif de ces séances de travail a été de trouver des compromis pour permettre d’avancer dans les négociations. Plus d’une cinquantaine de ministres ont répondu à chaque fois à l’invitation.

Cette année de négociations a été marquée par la publication du rapport de l’OCDE avec le think tank Climate Policy Initiative sur les financements climat le 7 octobre. D’après le rapport, 62 milliards de dollars ont été mobilisés en 2014 par les pays développés en faveur des pays en développement pour les aider à faire face aux changements climatiques (en savoir plus). Une annonce qui a permis constater que l’objectif des 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, pris par les pays développés à Copenhague en 2009 (en savoir plus), est à portée de main.

En plus du volet financier, l’autre temps fort a été la publication du rapport de synthèse de la CCNUCC sur les contributions nationales le 30 octobre. Les pays avaient jusqu’au 1er octobre pour publier leur feuille de route sur leur politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), afin qu’elles soient comptabilisées dans la synthèse. La CCNUCC a étudié l’impact de 146 contributions nationales. En l’état, la trajectoire mondiale des émissions de GES dessinée par les contributions publiées nous situeraient en 2030 sur une trajectoire menant à environ 3°C à la fin du siècle, comprise entre 2,7 et 3,5°C. Le scénario du pire, avec un réchauffement proche des 4,5 voire 6°C, qui correspond aux trajectoires actuelles d’émissions et jusqu’ici considéré par les scientifiques comme le plus probable, s’éloigne. Grâce à ces contributions, l’objectif des 2°C d’ici 2100 peut être atteint, à condition d’accélérer la dynamique . Un des enjeux de l’accord de Paris sera de mettre en place un mécanisme de révision périodique, idéalement tous les cinq ans, pour relever l’ambition de chacun et d’améliorer progressivement la trajectoire collective.

Le dernier rendez-vous avant la COP21 a eu lieu à Paris du 8 au 10 novembre à Paris. Plus de 60 ministres venus du monde entier ont répondu à l’invitation du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius pour la pré-COP.

  • 26 au 28 septembre 2016 : Sommet mondial des acteurs non-étatiques à Nantes

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