Aucun État membre n’a de stratégie claire et précise pour mettre un terme aux subventions accordées aux combustibles fossiles. Ils s’y étaient pourtant engagés lors d’un sommet du G20 il y a dix ans.
Le bilan des Etats membres sur la fin des subventions aux combustibles fossiles n’est pas glorieux. Six pays européens seulement envisagent de prendre des mesures concrètes, mais celles-ci se limitent souvent à des régimes de subventions ciblés et non à des programmes plus globaux.
Pire encore, cinq États membres — le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Grèce, la Pologne et la Slovénie — envisagent d’introduire de nouvelles subventions d’ici à 2030, dont beaucoup sont qualifiées de « soutiens à la transition énergétique ». Parmi ces nouveautés figurent un programme grec où les subventions seront destinées au remplacement de chaudières au diesel par des chaudières au gaz et un projet de financement du transport de gaz naturel liquéfié (GNL) en Pologne.
Lors du G20 en 2009, les chefs d’État et de gouvernement se sont engagés à arrêter de financer les combustibles fossiles, une promesse répétée lors du G7 en 2016, où les leaders européens se sont mis d’accord sur une date butoir : 2025.
« Si les gouvernements veulent vraiment endiguer le changement climatique, ils doivent cesser de discourir et passer à l’action », a affirmé Laurie van der Burg de l’ONG Friends of the Earth.
Une recherche menée par la Commission européenne a révélé qu’entre 2014 à 2016, les subventions européennes aux combustibles fossiles atteignaient en moyenne 55 milliards d’euros par an.
Aux yeux de l’Organisation internationale des Producteurs de Gaz et de Pétrole (OGP), les États des membres de l’UE et la Norvège ont gagné plus de 400 milliards d’euros grâce à la taxation du pétrole et du gaz en 2017, un chiffre qui témoigne des difficultés de mettre un terme aux subventions aux combustibles fossiles. En outre, l’introduction de la taxe sur le diesel en 2018 en France a donné naissance au mouvement des gilets jaunes.
La Commission a réclamé à plusieurs reprises que les États membres suppriment leurs subventions nuisibles à l’environnement et a demandé à ce que les gouvernements intègrent ces programmes de suppression dans leur plan national.
Les premiers brouillons de ces plans ont été livrés en juin 2019 et dévoilent que seuls huit pays avaient des mesures en place pour éliminer le charbon d’ici à 2030, le combustible fossile le plus sale. Les versions finales des plans nationaux devront être présentées d’ici la fin de l’année.
« Les États membres ont jusqu’à la fin de l’année pour effectuer le travail », a indiqué Markus Trilling, l’un des auteurs du rapport pour CAN Europe.
« Les États membres de l’UE ont exprimé plusieurs fois leur volonté de mettre un terme aux subventions. Les plans nationaux intégrés énergie-climat leur permettent ainsi de s’organiser et de réorienter leurs investissements vers les énergies renouvelables et les économies d’énergies », soutient-il.
Le secteur des transports a reçu 44 % du soutien gouvernemental total identifié, y compris les allégements fiscaux pour réduire le prix du diesel, d’après une analyse antérieure de l’Overseas Development Institute et de CAN Europe, publiée en 2017.
Aux yeux des opposants à l’énergie fossile, l’élimination des subventions libérera les moyens financiers nécessaires pour investir dans des technologies peu énergivores et atteindre la neutralité carbone le plus vite possible.