Aucun des 28 projets nationaux pour l’énergie et le climat soumis par les États membres ne permettrait de supprimer les émissions d’ici 2050.
C’est la première fois que les pays européens appliquent le processus de planification nationale depuis la signature de l’accord de Paris, en 2015, et ce n’est pas franchement un succès.
L’Espagne est le seul pays qui s’est doté du plan climatique pour 2050 ayant reçu une note au dessus de la moyenne. Analysé à l’aulne d’indicateurs comme l’objectif global de réduction des émissions, le niveau de détail des mesures proposées et le caractère inclusif de son élaboration, il récolte la note de 52 %.
Les 27 autres projets soumis à l’UE n’atteignent pas les 50 %, selon une étude commandée par la Fondation climat européenne et menée par l’Institut écologique allemand et la firme de consultance énergétique belge Climact.
La France arrive en deuxième position, avec 47 %, suivie par la Grèce (44 %) et la Suède (43 %). Au bas de l’échelle, on retrouve la Slovénie (3 %), la Slovaquie et l’Allemagne, ex aequo (12 %). En moyenne, l’UE ne récolte que 29 %.
Si les pays sont en train de prendre des mesures pour leurs objectifs pour 2030, « ils n’atteignent pas encore le niveau d’ambition fixé par les législateurs européens et l’accord de Paris », soulignent les auteurs de l’étude. « Notre travail montre que les États membres ne sont clairement pas sur une trajectoire pour zéro émission nulle en 2050 et ne sont alignés avec aucune des conclusions scientifiques du rapport du GIEC pour un réchauffement à 1,5°C », insiste Julien Pestiaux, de Climact.
Les plans nationaux regorgent de mesures trop timides pour l’élimination des subventions au charbon et aux carburants fossiles, des indications insuffisantes sur les investissements dans les technologies propres, une dépendance exagérée sur la biomasse non durable et des consultations publiques inadéquates. Dans l’ensemble, les auteurs de l’étude regrettent un manque d’effort explicite pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
« L’Europe a un objectif clair : 32 % de renouvelables d’ici 2030 », rappelle Viktoriya Kerelska, de l’association professionnelle WindEurope. Pourtant, aucun des projets, qui sont censés traduire cette ambition dans la réalité, ne propose de mesures politiques assez détaillées.
Or, sans détails, ces plans n’ont simplement aucune valeur, insiste-t-elle, appelant les gouvernements à indiquer quand les ventes d’énergies renouvelables auront lieu, comment l’obtention des autorisations sera facilitée ou comment les transports et le chauffage doivent être décarbonés.
« Cela donnerait un cadre certain aux investisseurs, pour qu’ils puissent planifier et réduire leurs coûts. Cela entraînera la création d’emplois, en plus des 300 000 personnes travaillant à l’éolien en Europe », poursuit-elle.
La Commission européenne devrait publier une évaluation de ces projets début juin. Bruxelles pourra proposer des modifications avant que les plans finaux soient établis, à la fin de l’année.