Afin d’atteindre son nouvel objectif climat de réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, l’Union européenne envisage la création d’un marché carbone. Pour Neil Makaroff, responsable Europe chez Réseau Action Climat, cette mesure est « socialement très risquée et climatiquement assez inefficace ».
En vue du sommet mondial des dirigeants sur le climat organisé par Joe Biden jeudi (22 avril) et vendredi (23 avril), Ursula von der Leyen a annoncé mardi (20 avril) que le marché carbone européen pourrait être étendu au secteur du transport routier et au secteur du bâtiment. C’est l’une des mesures destinées à permettre à l’Europe d’atteindre son objectif de réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Si cette proposition est retenue en juin par la Commission européenne, « on crée un piège, notamment auprès des ménages les plus modestes qui n’ont d’autre choix que d’utiliser le diesel ou l’essence, et qui vont devoir payer ce prix du CO2 car ils ne pourront pas changer de véhicule », alerte le responsable Europe de Réseau Action Climat.
Pascal Canfin, président de la commission de l’environnement au Parlement européen a réagi sur Twitter se disant « sceptique sur cette idée portée depuis deux ans par l’Allemagne. Si les conséquences sociales ne sont pas parfaitement maîtrisées ce projet peut s’avérer contreproductif ».
J’avoue être également sceptique sur cette idée portée depuis deux ans par l’Allemagne. Si les conséquences sociales ne sont pas parfaitement maîtrisées ce projet peut s’avérer contreproductif. @RACFrance @CANEurope https://t.co/TnTYXo9U0D
— Pascal Canfin (@pcanfin) April 22, 2021
Mais pour Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission chargé du Green Deal européen, « la loi sur le climat façonnera la relance verte de l’UE et garantira une transition verte socialement juste. »
Pour Neil Makaroff, le volet social pourrait pâtir de cette réforme : « cela veut dire qu’un individu qui utilise sa voiture essence ou diesel devra payer le prix du CO2 qui sera sur le marché carbone européen ».
Ce principe du pollueur/payeur n’est pas sans rappeler la crise des Gilets jaunes en France. En novembre 2018, des actions de blocage avaient eu lieu pour protester contre la hausse des taxes sur le prix du carburant.
Les associations environnementales préconisent de coupler cette mesure à un accompagnement vers d’autres solutions à faibles émissions qui permettaient de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
Suite aux annonces d’Ursula von der Leyen, le Green Deal européen, qui était une « belle promesse », apparait comme un « but socialement inacceptable pour beaucoup », conclut Neil Makaroff.