La prise en compte de l’intensité en carbone des produits importés dans les accords européens de libre-échange européens est la clé de voûte de la transition énergétique, a déclaré Maros Šefčovič.
Le 24 juin, le vice-président de la Commission européenne chargé de l’Union de l’énergie, Maros Šefčovič a déclaré que la sécurité énergétique avait été sa plus grande préoccupation durant son mandat de cinq ans à la Commission, qui expire le 31 octobre.
Alors que l’Europe abandonne progressivement les combustibles fossiles au profit de l’énergie propre, elle doit éviter l’autre piège lié aux matières premières et à la dépendance technologique, a-t-il prévenu.
« Je crois que nous devons vraiment nous assurer de ne pas remplacer notre dépendance énergétique par de la dépendance technologique ou envers les matières premières », a-t-il déclaré lors du lancement à Bruxelles du rapport New Energy Outlook de BloombergNEF.
L’Europe doit être « très vigilante » et éviter de « répéter les mêmes erreurs en ce qui concerne les batteries, les véhicules électriques, les bus électriques ou les technologies de l’hydrogène qui, j’en conviens, seront probablement la clé des poids lourds zéro carbone », a-t-il déclaré.
Prenant l’exemple du secteur automobile, Maros Šefčovič a expliqué que le succès industriel de l’Europe au cours de la prochaine décennie « dépendra beaucoup du stockage de l’énergie et des réseaux intelligents », mais il a également mis en garde contre la dépendance aux importations pour le secteur automobile.
Le commissaire slovaque avait déjà mis en garde l’année dernière contre la dépendance imminente aux importations de lithium, de cobalt, de cuivre et d’autres matières premières utilisées dans les technologies vertes comme les éoliennes ou les batteries des voitures électriques.
La Commission européenne encourage le raffinage du lithium, par exemple, dans le cadre d’une stratégie plus large visant à développer une chaîne de valeur de fabrication de batteries en Europe et à réduire la dépendance vis-à-vis des importations asiatiques de cellules de batterie.
Face aux défis énergétiques auxquels sera confrontée la prochaine Commission européenne, Šefčovič a dressé la liste de deux défis principaux.
« La première tâche des futurs décideurs politiques de l’UE sera de savoir comment inclure la teneur en carbone, ou l’intensité carbone, dans les accords et les politiques commerciales », a-t-il expliqué, appelant à un accord sur la mesure de l’intensité carbone des produits importés en Europe.
L’idée n’est pas nouvelle et fait écho à l’appel lancé par le président français, Emmanuel Macron, en faveur de l’introduction d’une taxe carbone aux frontières de l’UE afin de rétablir des conditions de concurrence équitables avec des pays comme la Chine ou les États-Unis, qui n’imposent pas à leurs industries une contrainte de pollution au CO2.
« L’autre enjeu est la question sociale » et le risque que les restructurations industrielles entraînent une hausse du chômage en Europe. « Je pense que nous devons redoubler d’efforts à l’avenir lorsqu’il s’agit de mesures sociales » liées à la transition énergétique, a-t-il souligné.
Grâce à des mesures d’efficacité énergétique ou à un financement spécifique de l’UE, l’Europe peut lutter contre la pauvreté énergétique et aider les régions dépendantes du charbon à trouver « un nouvel avenir économique », a-t-il ajouté.
« Les gens ne devraient pas avoir peur de la transition », a déclaré le commissaire slovaque, appelant les régions à travailler ensemble au niveau européen pour gérer la transition énergétique.
« Le plus grand trésor que nous avons en Europe, c’est que l’opinion publique est avec nous » sur la politique climatique, a fait remarquer Maros Šefčovič, affirmant que les questions climatiques et environnementales étaient au cœur des préoccupations des électeurs lors des élections européennes de mai dernier.
Le commissaire slovaque a également souligné les avantages économiques de la transition énergétique. Il a mis l’accent sur les projections à long terme de l’UE pour 2050, indiquant que le passage à des émissions nettes nulles créera des « millions de nouveaux emplois » en Europe tout en réduisant la facture des importations de combustibles fossiles de l’UE de 2000 à 3000 milliards d’euros entre 2030 et 2050.