Réunis à Paris le 25 avril, les ministres de l’Écologie de sept pays européens ont appelé à rehausser l’ambition climatique de l’Union européenne.
Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique, et les responsables allemand, suédois, néerlandais, finlandais, portugais et luxembourgeois de l’environnement se sont retrouvés à Paris autour d’ un constat simple : il faut agir plus et plus vite.
Lors de la COP21 à Paris en 2015, les États membres s’étaient théoriquement accordés à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030 et parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050. Pourtant, à ce jour, la politique climatique de l’UE ne permettra pas d’atteindre ces objectifs.
« Ce qui est sur la table n’est pas suffisant, actuellement, nous nous dirigeons vers 3°C ou 3,5°C », craint Eva Svedling, secrétaire d’État suédoise pour l’action climatique. « Le climat doit être au centre de la politique. »
Prix plancher, système d’échange de quotas d’émissions, sortie du charbon, sortie du nucléaire, les États membres sont encore trop divisés sur la politique climatique. C’est pourquoi la France souhaite mener la danse et avancer en petites coalitions de pays ambitieux.
« Nous ne voulons pas être un groupe trop isolé, trop en avant dans le peloton, nous veillons à cet équilibre », explique cependant Brune Poirson, qui aux côtés des autres responsables européens soutient que tous les États membres doivent être impliqués.
Depuis sa prise de fonction, le président français Emmanuel Macron prétend vouloir mettre les enjeux climatiques et énergétiques au cœur de la politique européenne. Mais l’UE dans son ensemble ne suit pas toujours. Dans le futur cadre financier pluriannuel par exemple, le climat et la protection de l’environnement ne figurent pas parmi les priorités de l’UE pour la décennie à venir. Or, le futur budget définit les priorités et l’ambition des États membres.
Interrogée sur l’instauration d’un prix plancher du carbone au niveau européen, une idée lancée par la France, Brune Poirson a déclaré : « dans le cadre de l’ETS, le prix du carbone n’envoie pas un signal assez fort, le prix n’est pas assez élevé. La France propose donc un prix plancher dans le secteur de l’électricité. Nous avançons à petits pas, mais un mouvement se dessine au niveau européen. »
« L’Union européenne doit se doter d’un objectif ambitieux pour 2050 et d’une stratégie pour l’atteindre. Nous sommes très désireux d’y contribuer. Le marché européen des quotas d’émissions doit rester au cœur de notre politique climatique et devrait être renforcé afin de pouvoir remplir pleinement ce rôle », a de son côté commenté Kimmo Tiilikainen, ministre de l’Environnement finlandais.
Selon la secrétaire d’État, le but de cette rencontre était de définir une stratégie pour réunir les pays européens et d’aligner les objectifs pour 2030 aux objectifs à plus long terme de l’accord de Paris. « Aujourd’hui, nous avons montré notre volonté de nous battre en faveur du climat, en faveur d’un objectif de neutralité carbone. Le but était de s’assurer que nous sommes sur la bonne trajectoire en fixant des paliers avant 2050. »
« La communauté internationale et l’Union Européenne doivent redoubler leurs efforts face au réchauffement climatique de façon urgente. Nous n’avons qu’une seule planète et nous devons travailler main dans la main. » ?????????????? #2050pathways pic.twitter.com/zqjXcMuOhN
— Brune Poirson (@brunepoirson) April 25, 2018
Brune Poirson a rappelé que la COP24 serait une étape clé. La conférence des Nations unies sur le climat aura lieu cette année du 3 au 14 décembre. « Tous les regards seront tournés vers l’Europe, d’autant plus qu’elle aura lieu en Pologne. »
« Nous appelons tous les autres pays européens à rejoindre cette coalition, pour faire de l’accord de Paris une réalité et aligner les politiques de l’UE avec l’ambition de limiter la hausse de température à 1,5°C », a déclaré Wendel Trio, directeur du Réseau action climat Europe.
Dans un rapport, Climact et le New Climate Institute, deux cabinets de conseil sur le climat, expliquent que ce ne sont pas des questions techniques qui bloquent l’avancée vers des objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre, mais bien la volonté politique. « Appliquer une politique des bonnes pratiques à travers les États membres de l’UE serait facile à mettre en place », considèrent-ils.