La Commission européenne veut éliminer les droits de douane des biens industriels entre l’UE et les États-Unis. Mais l’hypothèse de nouveaux droits de douanes américains sur les voitures entraintera une riposte immédiate.
L’exécutif européen a adopté le 18 janvier plusieurs mandats de négociation, dont l’un vise à éliminer les droits de douane sur les biens industriels déjà très faiblement imposés. Environ 4,2 % des biens exportés vers l’UE et 3,1 % des biens exportés vers les États-Unis sont concernés.
Un autre mandat doit supprimer les barrières non tarifaires, en facilitant le suivi des normes techniques pour exporter des biens.
Cecilia Malmström a déclaré que le mandat concernait les voitures, l’une des principales plaintes de Donald Trump lorsqu’il critique les droits de douane européens.
« Nous sommes prêts à mettre nos droits de douane sur les voitures sur la table des négociations dans le cadre d’un accord plus large, si les États-Unis acceptent de travailler à l’élimination totale de tous les biens industriels », a-t-elle ajouté.
Si certains produits sont des sujets sensibles, comme les camions pick-up, Cecilia Malmström se dit « persuadée que les négociateurs vont trouver une solution ».
« Nous pensons qu’un accord équilibré, mutuellement bénéfique avec les États-Unis peut être trouvé pour ensuite inclure ce secteur », a-t-elle dit, faisant référence à l’industrie automobile.
Le président de la commission finance du Sénat américain, Chuck Grassley, a expliqué aux journalistes cette semaine que Donald Trump était susceptible d’imposer des taxes sur l’importation de voitures européennes sauf s’il obtenait un accès pour les produits agricoles américains.
La commissaire européenne a qualifié les commentaires du sénateur de « regrettables ».
« Ces remarques ne créent pas un bon climat de négociations », a-t-elle regretté. « Nous avons été très justes et transparents et totalement cohérents depuis le 26 juillet », date à laquelle Donald Trump et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker ont lancé un dialogue commercial.
Prêt à riposter
Cecilia Malmström a prévenu que si Donald Trump décidait de sanctionner les Européens, Bruxelles était « très avancée dans les préparations internes » pour riposter.
« Si cela arrive, nous sommes prêts, et cela aurait un effet très néfaste sur les négociations. »
Le ministère américain du Commerce doit publier mi-février ses conclusions pour savoir si les importations de voiture représentent une menace pour la sécurité nationale. Le rapport sera la première étape dans le processus de mise en place de droits de douane.
La commissaire suédoise a insisté sur le fait que l’UE n’inclurait pas les produits agricoles dans les négociations, et a rappelé que le secteur avait été écarté de la déclaration commune faite par Jean-Claude Juncker et Donald Trump en juillet dernier.
L’accord entre les deux dirigeants a permis de sortir de la menace des droits de douane planant sur le secteur automobile européen, qui pourraient s’élever à 40 milliards d’euros.
La Commission avait déclaré qu’elle ne négocierait pas avec un pistolet sur la tempe avec Donald Trump et que le dialogue n’était qu’un exercice de cadrage.
L’adoption des mandats, qui doivent encore être ratifiés par les États membres, déclencherait quant à elle des négociations formelles avec les États-Unis, alors que les droits de douane sur l’acier, l’aluminium et les olives espagnoles restent en place.
Le sénateur Grassley, allié proche du président américain qui a rencontré la commissaire à Washington, estime quant à lui que Donald Trump voit les droits de douane comme « un outil efficace » de négociation.
Cecilia Malmström a insisté le 18 janvier sur le fait que l’UE considérait les droits de douane sur l’acier « profondément injustifiés » et a rappelé que l’Europe avait adopté des contre-mesures. Elle a ajouté qu’elle discutait de ce dossier avec les États-Unis, mais « sans succès jusqu’à présent ».