Entrée en vigueur mardi 12 janvier 2021, la taxe Trump sur les importations de vins français aux États-Unis touche aussi les eaux-de-vie. La filière redoute de voir s’envoler 1 milliard d’euros en 2021 sur son premier marché export. Un article de notre partenaire Ouest-France.
C’est un coup de massue.
Le 31 décembre 2020, César Giron, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français (FEVS), tweetait son amertume après l’annonce d’un durcissement de la taxe sur les vins français exportés aux États-Unis.
La décision des #EtatsUnis d'appliquer de nouvelles #TaxesUS sur le #vin et les spiritueux 🇫🇷 plongent le secteur dans une situation encore plus préoccupante. Le Président FEVS exige une solution et un soutien fort aux exportateurs otages de ce conflit.
Notre communiqué 🔽 pic.twitter.com/sp6y3LP4oq
— Fédération des Exportateurs de Vins & Spiritueux (@FEVS_France) December 31, 2020
Cet ultime soubresaut de l’administration Trump, pour quelques jours encore aux manettes du premier pays importateur mondial de vin, est entré en vigueur, mardi 12 janvier. Décrétée le 19 octobre 2019, dans le cadre du contentieux opposant Boeing à Airbus, la taxe Trump, dans sa version initiale, imposait des droits de douane additionnels de 25 % sur « les vins tranquilles » (non effervescents) français de moins de 14 degrés d’alcool exportés dans des contenants de moins de deux litres.
Le champagne et les mousseux préservés
Dans sa version élargie, la taxe Trump cible désormais l’ensemble des vins tranquilles français, en vrac ou en bouteilles, quel que soit le degré d’alcool. Elle touche aussi les spiritueux à base de vins, tels que le cognac ou l’armagnac. Elle épargne toutefois les vins mousseux (champagne, crémant…) et les alcools qui ne sont pas à base de raisin (calvados, fine de bretagne, Cointreau…).
Les États-Unis représentent le premier marché en volume (250 millions de litres) et valeur (2,6 milliards d’euros en 2019) pour les vins et spiritueux français. La première lame a entraîné une baisse de 50 % des exportations aux États-Unis, soit une perte de chiffre d’affaires de 600 millions d’euros
, comptabilise la FEVS. Dans le Val de Loire, le manque à gagner est estimé à 50 millions d’euros
, complète Lionel Gosseaume, président d’InterLoire.
Bruxelles va négocier avec Biden
La deuxième lame s’annonce redoutable. Sur dix bouteilles de vins françaises exportées dans le monde, deux le sont aux États-Unis. Sur dix bouteilles de cognac exportées, 4,5 le sont aux États-Unis
, détaille la FEVS. La filière vitivinicole française demande à l’État des aides pour compenser un manque à gagner évalué à 1 milliard d’euros en 2021. Il faut aussi sortir de ce conflit avec l’administration Biden. Le vin est une victime collatérale du conflit entre Boeing et Airbus. Nous allons voir pour débloquer des aides dans les prochains jours
, a déclaré le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.