Après deux mandats en tant que commissaire à la Concurrence, la Danoise Margrethe Vestager estime que l’Union européenne (UE) devrait continuer à protéger le marché unique et les entreprises européennes des distorsions de concurrence.
Vice-présidente exécutive de la Commission européenne, la Danoise Margrethe Vestage quittera ses fonctions quand les nouveaux commissaires d’Ursula von der Leyen prêteront serment.
Un départ qui va s’effectuer alors que ces derniers jours ont été riches en événements : outre les deux grandes victoires remportées par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui a condamné les arrangements fiscaux d’Apple en Irlande et les pratiques anticoncurrentielles de Google, le portefeuille de Margrethe Vestager est sous le feu des projecteurs, après la publication du rapport Draghi.
« Vous pouvez tout à fait réussir [en Europe]. Vous pouvez tout à fait réussir, même très bien réussir. Cela ne pose aucun problème. Mais ce que vous ne pouvez pas faire, c’est abuser de ce succès pour refuser à d’autres la même opportunité », explique Margrethe Vestager à Euractiv.
Pour que les entreprises réussissent, Margrethe Vestager souligne qu’il est primordial de prendre de l’expérience sur le marché européen, avant de se frotter au marché mondial. « Vous devez exercer votre pouvoir de concurrence sur un grand marché intérieur comme le marché unique pour être capable de rivaliser sur le marché mondial », poursuit-elle.
Néanmoins, selon elle, « il est absolument essentiel d’améliorer le fonctionnement [du marché unique] », car celui-ci n’est pas toujours efficace et crée des obstacles pour les entreprises qui cherchent à se développer.
Plus d’investissements pour les entreprises européennes
Selon Margrethe Vestager, c’est la concurrence qui permettra aux entreprises européennes d’innover pour, comme le préconise le rapport Draghi, trouver le moyen de rattraper le retard de l’UE par rapport aux États-Unis et à la Chine
« Rien ne prouve que les entreprises en situation de monopole ou détenant de très grandes parts de marché soient disposées à investir davantage que les entreprises exposées à la concurrence », affirme-t-elle.
La commissaire danoise explique que son objectif a toujours été de faciliter le lien entre les entreprises et les consommateurs, et d’intervenir sur le marché pour veiller à ce que les incitations à l’innovation soient maintenues.
« J’ai essayé de servir les Européens pour qu’ils puissent s’offrir des choses, pour que les entreprises aient le sentiment d’être incitées à innover et à investir pour faire fonctionner leurs affaires », poursuit-elle.
Sa position a toujours été de veiller à ce que « le marché soit ouvert » afin que « les petites et moyennes entreprises qui ont une bonne idée et un produit innovant puissent atteindre leurs clients ».
Les auditions des commissaires seront déterminantes
Interrogée sur les retards pour former la nouvelle Commission, Margrethe Vestager confirme que les Européens sont « déjà passés par là à de nombreuses reprises ».
Suite aux européennes de juin 2019, la Commission n’avait pris ses fonctions qu’en décembre de la même année, avec des mois de retard par rapport au premier calendrier proposé.
La commissaire danoise insiste sur l’importance des auditions, au cours desquelles les eurodéputés soumettent les candidats à un examen approfondi, ce qui leur confère une vraie légitimité.
« Les gens m’ont dit : ‘Vous n’êtes pas un représentant élu’. Non, je ne le suis pas. Je suis nommée par le gouvernement danois, mais je suis approuvée par le Conseil et le Parlement pour faire ce travail », explique-t-elle à Euractiv.
Les auditions doivent commencer mi-octobre ou début novembre.
*Eliza Gkritsi et Thomas Moller-Nielsen ont contribué à la rédaction de cet article.
[Édité par Anna Martino et Laurent Geslin]