L’Union européenne fera pression pour un engagement mondial lors de la COP28 afin d’éliminer progressivement les combustibles fossiles sans dispositif d’atténuation « bien avant 2050 », a annoncé le chef du climat de l’UE, Frans Timmermans. Climate Home News, partenaire média d’EURACTIV, en parle.
Cet engagement signifierait l’arrêt de l’énergie au charbon et l’élimination des émissions du secteur du pétrole et du gaz, mais avec un rôle mineur pour la capture du carbone, a ajouté M. Timmermans.
L’UE a dévoilé ses objectifs communs en prévision du sommet sur le climat COP28 qui se tiendra à Dubaï à la fin de l’année, lors d’une réunion des ministres de l’Environnement et de l’Énergie de l’Union européenne en Espagne.
S’exprimant lors de cette réunion, à laquelle participait le responsable de la COP28, le sultan Al Jaber, M. Timmermans a déclaré que l’UE souhaitait que les gouvernements souscrivent à un engagement comportant trois éléments principaux : tripler le déploiement des énergies renouvelables d’ici 2030, doubler les taux annuels d’amélioration de l’efficacité énergétique et accélérer l’abandon progressif des combustibles fossiles en laissant un rôle « résiduel » aux technologies de réduction des émissions de carbone.
« Nous devons éliminer progressivement les combustibles fossiles sans dispositif d’atténuation bien avant 2050 », a déclaré le responsable de la politique climatique de l’UE.
Divisions sur le captage du carbone
Le dernier point concerne le recours au captage et au stockage du carbone (CCS), terme générique désignant une série de procédés visant à piéger les émissions de CO2 dues à la combustion de combustibles fossiles.
Le CCS est au centre d’un débat profondément divisé. Les pays producteurs de pétrole et de gaz ainsi que l’industrie affirment qu’il est nécessaire d’extraire les gaz nocifs pour le climat alors que le monde continue d’alimenter ses activités en combustibles fossiles.
Les militants et un grand nombre de pays progressistes affirment qu’il s’agit d’une échappatoire pour l’industrie des combustibles fossiles, qui ne fera que prolonger la crise climatique.
Les Émirats arabes unis, hôtes de la COP28, sont de fervents partisans du CCS. En mai, M. Al Jaber a suscité la colère de nombreux observateurs de la politique climatique lorsqu’il a appelé à une élimination progressive des « émissions de combustibles fossiles », affirmant que le pétrole et le gaz continueraient à jouer un rôle dans un avenir prévisible.
Depuis, le chef de la COP28 a légèrement assoupli sa position, appelant à une transition énergétique accélérée qui « réduise progressivement l’utilisation des combustibles fossiles ».
Rôle « résiduel »
La position de l’UE exposée par M. Timmermans met également l’accent sur l’élimination des « émissions », mais indique des limites plus claires à l’utilisation du captage et stockage du carbone (CCS).
« Il est important de comprendre précisément le rôle des fossiles avec un dispositif d’atténuation dans une économie à zéro émission nette », a déclaré le chef de la politique climatique de l’UE. « Ceux-ci doivent être résiduels et uniquement dans les secteurs difficiles à atténuer. Et c’est au secteur qu’il incombe de prouver que cela est réalisable et de proposer des stratégies d’investissement crédibles dans les technologies de réduction des émissions de carbone ».
Se mettre d’accord sur une définition de l’expression « sans dispositif d’atténuation » et sur le rôle du CCS sera sans doute l’une des batailles décisives du sommet sur le climat de Dubaï.
Lisa Fischer, du groupe de réflexion E3G, a déclaré que M. Timmermans avait raison de mettre l’accent sur la nécessité de définir les « combustibles fossiles atténués » afin d’éviter que les pays ne se cachent derrière un rêve de captage du carbone qui n’a guère progressé jusqu’à présent. Mais elle a également ajouté que l’accent devrait être mis sur « la réduction progressive de l’utilisation des combustibles fossiles, avec des étapes claires avant 2050 ».
Selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les émissions de charbon, de pétrole et de gaz doivent diminuer respectivement de 90 %, 80 % et 70 % entre 2021 et 2050, afin d’atteindre une consommation de zéro nette au milieu du siècle.
Tripler les énergies renouvelables
L’autre grand engagement de l’UE en vue de la COP28 consiste à tripler le taux annuel de déploiement des énergies renouvelables d’ici 2030.
La commissaire à l’Energie, Kadri Simson, a déclaré que la proposition consistait en un « engagement volontaire et non contraignant » auquel les autres pays pourraient souscrire.
L’objectif est basé sur une évaluation de l’AIE. Selon cette organisation, le monde dispose actuellement d’une capacité de production d’énergie renouvelable d’environ 3 300 GW. Pour avoir une chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faudrait ajouter environ 1 000 GW chaque année jusqu’en 2030. La capacité totale devrait ainsi être triplée pour atteindre 10 350 GW.
L’engagement en faveur des énergies renouvelables devrait susciter moins de frictions à Dubaï. Le sultan Al Jaber soutient fermement la proposition, qui a déjà obtenu l’appui des États-Unis, du Chili, de la Colombie et de représentants de petits États insulaires.
[Cet article a initialement été publié sur Climate Home News et est reproduit ici avec l’aimable autorisation de l’auteur]