Faute de consensus, le GIEC ne parvient pas à fixer le calendrier des prochains rapports d’évaluation climatique

Selon le dernier rapport du GIEC, les risques augmentent avec chaque hausse de température et la limitation du réchauffement à 1,5°C et 2°C implique des réductions rapides, profondes et, dans la plupart des cas, immédiates des émissions de gaz à effet de serre. [shutterstock/Lamyai]

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’est réuni pour sa 61e plénière afin de discuter du calendrier de ses prochains rapports, sans toutefois parvenir à un accord sur la question.

Le GIEC, l’organe des Nations unies responsable des évaluations scientifiques sur le changement climatique, en est actuellement à son septième cycle d’évaluation, qui a débuté en juillet 2023.

Lors de la 61e session plénière qui s’est tenue du 27 juillet au 2 août à Sofia, en Bulgarie, l’instance aurait dû fixer les calendriers des trois rapports qui composent son septième cycle d’évaluation scientifique sur le changement climatique, ses causes et ses impacts.

Ces évaluations guident l’élaboration des politiques dans le monde entier, notamment la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.

« Nous vous encourageons à finaliser la planification stratégique du septième cycle d’évaluation ici à Sofia, car le monde a besoin d’accélérer son action, et les informations que vous fournissez apporteront une sérieuse contribution à la prise des décisions », a exposé Youssef Nassef, directeur de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), lors de la plénière.

« Nous comptons sur vos mises à jour régulières pour diriger les négociations de manière impartiale entre les parties », a-t-il ajouté.

Les 114 gouvernements présents n’ont toutefois pas réussi à se mettre d’accord sur un calendrier pour les évaluations, mais ont approuvé le contenu d’un rapport spécial sur le changement climatique et les villes, ainsi qu’un rapport méthodologique sur les polluants climatiques à courte durée de vie.

La décision sur le calendrier a été reportée à la prochaine session du GIEC, en février 2025. Des réunions préalables entre experts auront lieu avant cette session plénière, notamment en décembre 2024.

Le président du GIEC, Jim Skea, a annoncé à l’ouverture de la plénière que le calendrier de planification « a des implications considérables en termes de délais de production de nos travaux ».

L’absence de décision sur les dates pourrait indiquer des divergences entre les gouvernements.

Selon le média Climate Home News, le manque de consensus est dû au fait qu’une douzaine de pays en développement, dont l’Inde, l’Arabie Saoudite et la Chine, souhaitent une plus grande participation des experts des pays du Sud. Pour cette raison, ils se sont opposés à la proposition d’accélérer le processus d’élaboration des rapports.

Représentée par la Commission européenne, l’UE a participé à la plénière.

Un fonctionnaire de la Commission a indiqué à Euractiv que « ce résultat est le fruit de points de vue divergents et de la difficulté à parvenir à un consensus lors de cette 61e session, où les discussions sur d’autres points à l’ordre du jour ont occupé le temps limité des sessions plénières ».

Pour la Commission, les réunions en amont de la plénière peuvent « permettre des débats plus fluides et plus convergents pour parvenir à un accord. Le calendrier est considéré comme pertinent pour la politique mais aussi inclusif et respectueux des processus scientifiques ».

Interrogé par Euractiv sur ces discussions, le GIEC a choisi de ne pas faire de commentaires, déclarant qu’il s’agissait de réunions de travail à huis clos.

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Atteindre les objectifs de Paris

Lors du cycle précédent, le sixième rapport d’évaluation a été achevé en mars 2023, avant le premier bilan mondial qui a été présenté à la COP28 à Dubaï, en décembre 2023.

Les rapports du GIEC constituent une contribution scientifique directe permettant de dresser le bilan, une évaluation des progrès accomplis au niveau mondial dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris.

Ce processus permet aux pays de voir si leurs efforts sont efficaces et où ils peuvent être renforcés.

Pour la Commission, il est prioritaire que les rapports d’évaluation soient publiés avant le deuxième bilan mondial prévu par l’Accord de Paris.

« Cela a été soutenu par les États membres de l’UE et d’autres pays européens et non européens, ainsi que par la délégation de l’UE elle-même », a expliqué un fonctionnaire de la Commission à Euractiv. « La délégation de l’UE a souligné l’importance d’un tel calendrier pour le mandat du GIEC, qui doit être pertinent pour les politiques. »

« L’UE a également rappelé que les responsables politiques sont tenus de mettre en œuvre l’Accord de Paris et que leurs demandes de contributions politiques fondées sur la science augmentent, car l’accélération de la réponse politique est nécessaire pour atteindre nos objectifs climatiques », a ajouté la source.

Selon la proposition des coprésidents du GIEC, présentée lors de la 61e session plénière, ces rapports d’évaluation devraient être livrés entre mai et août 2028.

Ces échéances, qui ne sont pour l’instant qu’indicatives, seraient alignées sur le prochain processus d’évaluation mondiale, qui s’achèvera à la fin de l’année 2028.

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