L’Allemagne va réformer son armée pour se préparer à la guerre

Pour le ministre, l’Allemagne a une « responsabilité particulière », étant « le plus grand membre européen de l’OTAN et la plus grande économie européenne en Europe ». [EPA-EFE/CLEMENS BILAN]

Pour remettre sur les rails les forces armées allemandes en difficulté, le gouvernement procède à une réorganisation de son commandement opérationnel et faire du cyber et du numérique une branche militaire à part entière, au même titre que la marine, l’armée de l’air et les forces terrestres, a annoncé le ministre de la Défense, Boris Pistorius, jeudi (4 avril).

L’Allemagne connaît des changements profonds depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie au début de l’année 2022. Le chancelier Olaf Scholz avait promis un « changement d’époque » (Zeitenwende) pour reconstruire les capacités de défense de l’Allemagne, qui souffraient d’un manque de financement.

Ainsi, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a fait pression pour que les forces armées allemandes soient « prêtes pour la guerre », comme il l’a souligné, en mettant en service une nouvelle structure d’armée cet automne, moins d’un an après son entrée en fonction.

Il a présenté ses réformes jeudi (4 avril), les changements devant être mis en œuvre dans les six mois à venir.

« L’objectif est de reconstruire les structures de la Bundeswehr afin qu’elle soit préparée de manière optimale, même pour les cas les plus graves […] en cas de guerre », a déclaré M. Pistorius aux journalistes, soulignant la nécessité pour l’Allemagne de jouer un rôle de premier plan en matière de défense européenne.

« Nous devons veiller à ce que l’OTAN puisse remplir son rôle [dans la lutte contre les menaces]. Cela signifie également […] qu’il faut préparer la Bundeswehr à un nouveau et ancien défi, celui de la défense nationale et de la défense de l’alliance .»

Pour le ministre, l’Allemagne a une « responsabilité particulière », étant « le plus grand membre européen de l’OTAN et la plus grande économie européenne en Europe ».

L’un des piliers mis en avant par M. Pistorius est la simplification de la chaîne de commandement — et des points de contact pour les alliés — grâce à un nouveau centre de direction des opérations (Operatives Führungskommando).

Les centres de commandement seront ainsi regroupés en un seul, alors qu’ils étaient auparavant divisés entre la défense extérieure, la défense intérieure et la défense  territoriale .

Le nouveau centre de commandement commun servira non seulement de point de contact opérationnel central pour l’OTAN et l’UE, mais aussi pour les autorités et organisations allemandes chargées des tâches de sécurité au niveau fédéral et au niveau des Länder.

M. Pistorius a également annoncé qu’il allait promouvoir le département cyber et numérique au rang de quatrième sous-force à part entière (Teilstreitkraft), au même titre que la marine, l’armée de l’air et l’armée de terre.

« Nous avons élevé le domaine du cyber au rang de sous-force afin que la valeur que nous lui attribuons soit claire », a déclaré jeudi (4 avril) le chef d’état-major de l’armée allemande, Carsten Breuer.

Les quatre branches seront soutenues par une Zone de soutien commune (Unterstützungsbereich), qui comprend des fonctions clés telles que les services médicaux, la logistique et la défense contre les armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN ou NBC).

Joachim Weber, expert en sécurité à l’université de Bonn, a déclaré que les réformes allaient dans la bonne direction.

« Ce ne sont pas 27  000 choses différentes qui ont été annoncées, mais des réformes très simples, structurées et claires », a déclaré M. Weber à la chaîne de télévision publique allemande Phoenix après l’annonce.

Il a fait l’éloge de l’unification des différentes chaînes de commandement, affirmant que celle-ci créait « des forces armées unifiées avec un leadership unifié ».

Toutefois, Carlo Masala, de l’université de la Bundeswehr à Munich, a souligné que la préparation des forces armées à la guerre dépendrait en fin de compte des ressources.

« Ces [nouvelles] structures peuvent apporter une petite contribution, mais ce n’est pas décisif », a-t-il déclaré au quotidien Süddeutsche.

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