Le soutien à l’Ukraine, la refonte des mécanismes de défense collective de l’Alliance et l’augmentation des dépenses de celle-ci représentent les temps forts des dix années passées par Jens Stoltenberg à la tête de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), alors qu’il passe le relais à Mark Rutte ce mardi 1er octobre.
« L’OTAN a changé en même temps que le monde », a affirmé Jens Stoltenberg dans ses dernières déclarations à la presse ce mardi 1er octobre.
Le Norvégien est revenu sur plusieurs évolutions notables survenues au cours de son mandat, notamment la mise en œuvre du « plus grand renforcement de l’OTAN [et] de notre défense collective depuis une génération, avec un niveau de préparation élevé [et] davantage de troupes dans la partie Est de l’alliance », l’augmentation des dépenses de défense et l’accueil de nouveaux membres au sein de la « famille » des alliés.
Il a également souligné « le fait que nous sommes passés d’un soutien modéré à un soutien massif à l’Ukraine », le tout coordonné par l’OTAN.
Connu pour son stoïcisme et ses actions assurées, Jens Stoltenberg avait pris ses fonctions quelques mois seulement avant que la Russie, principale menace et voisine de l’OTAN, n’attaque l’Ukraine dans le Donbass et le Donestk et n’annexe la Crimée en 2014.
Des temps encore plus troublés ont suivi, la Turquie faisant des remous dans la Méditerranée orientale et le président français Emmanuel Macron déclarant que l’alliance militaire était en état de « mort cérébrale ».
Les inquiétudes concernant l’avenir de l’alliance se sont aggravées lorsque le président américain Donald Trump a publiquement reproché à tous ses collègues de ne pas dépenser suffisamment en matière de défense. Les tensions se sont ensuite apaisées et aujourd’hui, 23 des 32 membres consacrent plus de 2 % de leur PIB aux dépenses de défense et envisagent même de porter l’objectif à 3 %.
Le point le plus sombre de son mandat pourrait être la chute de l’Afghanistan aux mains des talibans et le retrait rapide des forces américaines, ainsi que d’autres forces, après des années sur le terrain, laissant les locaux livrés à eux-mêmes, confient deux diplomates à Euractiv.
Dans une lettre ouverte publiée sur le site de l’OTAN mardi, Jens Stoltenberg s’est penché sur l’avenir de l’alliance militaire. Il y recommande de considérer les dépendances avec la Chine à travers le même prisme que celles avec la Russie. « Nous ne devons pas commettre la même erreur avec la Chine », met-il en garde.
« Nous devons mieux protéger nos infrastructures essentielles, éviter d’exporter des technologies susceptibles d’être utilisées contre nous et réduire notre dépendance à l’égard des matériaux essentiels provenant de nos concurrents stratégiques », écrit également le Norvégien.
Sous sa direction, l’alliance s’est agrandie. Les deux dernières adhésions — celles de la Finlande et de la Suède — ont doublé la taille de la frontière orientale avec la Russie, et ce après de longues négociations avec la Turquie. Ces dernières années, la Macédoine du Nord et le Monténégro ont également rejoint le club, élargissant ainsi l’alliance militaire dans les Balkans.
L’Ukraine a quant à elle déposé sa candidature et, bien qu’elle n’ait reçu que des signaux politiques mitigés en faveur d’une adhésion rapide à l’Alliance, l’OTAN soutient la modernisation de ses forces armées alors qu’elle est en guerre contre la Russie.
Le Norvégien s’apprête désormais à présider la Conférence de Munich sur la sécurité (CSM), le rendez-vous annuel de la sécurité et de la défense.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]