Le paiement en liquide des métaux recyclés est autorisé en Belgique, ou en Espagne mais interdit en France. Ce qui prive les recycleurs de leur matière première et attise les vols et autres trafics.
Cuivre, acier, métaux précieux : les vols de métaux continuent. Selon l’office central de lutte contre la délinquance itinérante, qui vient de publier son rapport 2014, 10.229 vols de métaux ont été constatés en 2014 en France, principalement dans le Nord et l’Est de la France. Un nombre inférieur à celui de 2013, probablement en raison du recul du prix des matières premières, mais qui reste élevé, d’autant que tous les épisodes ne sont pas forcément recensés.
Le cuivre reste la première cible des voleurs de ferraille, devant l’acier et l’aluminium, et ce en raison de son prix. Malgré la chute des cours, (la tonne de cuivre est passée de 8500 dollars la tonne à moins de 5000 sur le London Metal Exchange), l’activité reste lucrative, surtout à proximité des frontières.
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« Il y a un vrai problème lié à l’autorisation de paiements en liquide du métal, que ce soit en Belgique ou en Espagne » s’insurge Alfred Rosales, directeur général de la fédération des recycleurs, la FEDEREC, qui estime que l’activité des recycleurs de métal est dévastée par la concurrence frontalière, criminelle ou pas. Car si le vol de métaux se constate souvent près des frontières, il en est de même pour le recyclage des carcasses de voitures, un secteur aujourd’hui « sinistré dans certaines zones, comme le Languedoc-Roussillon » assure le responsable de la Federec.
Le commerce de métaux répond à des régimes règlementaires fort différents d’un pays de l’UE à l’autre. Si la France interdit les échanges en cash, la Belgique, l’Allemagne ou l’Espagne les autorise. Une incohérence qui favorise « la criminalité organisée et les filières illégales qui écoulent la marchandise vers des pays où les normes de recyclage sont moins draconiennes » selon le dirigeant de la Federec.
Un registre commun plutôt que l’interdiction généralisée du cash
Interrogé par EURACTIV, le cabinet du commissaire aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, reconnait que « limiter les transactions en cash dans le commerce du métal est un outil utile pour prévenir la criminalité organisée, selon les parties prenantes». Pourtant, l’exécutif européen estime que « la nécessité d’une telle législation au niveau européen n’est pas prouvée jusqu’à maintenant ». En revanche, la Commission réfléchit à la mise en place d’un registre obligatoire des échanges, qui pourrait mieux réguler le secteur. Et incite les États membres à « effectuer plus de contrôles ».