Jean-Claude Juncker a déclaré le 16 octobre aux médias italiens qu’il ne pouvait accepter les dépenses supplémentaires budgétées par le gouvernement italien, par peur de se faire « insulter » par les autres États membres.
Depuis que l’Italie a soumis son budget pour l’année prochaine, Jean-Claude Juncker a tenté de calmer les frasques verbales entre Bruxelles et Rome. Ainsi, le président de la Commission a tout de même rappelé que les engagements pris par ce pays pour réduire sa dette publique massive, soit 132 % de son PIB, « devaient être respectés ».
L’Italie aurait dû prévoir un ajustement structurel de 0,6 % de son PIB dans son budget annuel. Au lieu de quoi elle a présenté un plan expansionniste qui porterait son déficit budgétaire à 2,4 % de son PIB par rapport à l’objectif de 0,8 % fixé par le gouvernement précédent.
« Si nous acceptons le dépassement de déficit, certains pays risquent de nous insulter en disant que nous avons été trop flexibles avec l’Italie », a ajouté Jean-Claude Juncker.
Des représentants de l’UE avaient averti que cette fois, l’exécutif appliquerait les règles à la lettre avec l’Italie, après des années de surveillance un peu trop laxistes.
Depuis 2016, la Commission a « excusé » l’Italie pour 30 milliards d’euros d’ajustements destinés à équilibrer ses comptes publics.
Dans le cadre de la coordination des politiques économiques européennes, et du contrôle des dépenses nationales, les pays de la zone euro doivent soumettre leur budget à la Commission avant la mi-octobre.
Le 16 octobre, le Premier ministre italien, Guiseppe Conte, a dit devant le parlement italien que ces dépenses supplémentaires étaient nécessaires pour stimuler les investissements dans le pays. « Nous sommes convaincus que la voie de la politique d’austérité est une impasse. »
Toutefois, son plan budgétaire risque de susciter une forte réaction de la part des autres partenaires de la zone euro.
Les dirigeants de la zone euro se réunissent le 18 octobre pour un sommet de trois jours, afin de se pencher sur toute une série de questions.
Giuseppe Conte s’attend à être interrogé par ses confrères, les ministres des Finances. Il a ajouté que l’appartenance de l’Italie à l’UE était « irrévocable ».
Un haut fonctionnaire de l’UE a précisé que le budget italien ne ferait pas partie de l’ordre du jour officiel, car les dirigeants de la zone euro se concentreraient sur les efforts à fournir pour renforcer le cadre de la zone euro.
Mais le désaccord entre l’Italie et ses partenaires pourrait bien compromettre les efforts visant à faire aboutir l’union économique et monétaire, en particulier celle du secteur bancaire.
S’adressant aux journalistes après le sommet social, le président du Conseil européen, Donald Tusk, s’est dit confiant dans la possibilité de parvenir à un accord d’ici décembre malgré le conflit, comme convenu en juin dernier.
« Soyons réalistes et jouons cartes sur table. Je suis tout à fait conscient que l’atmosphère sera plus délicate qu’en juin », a-t-il déclaré. « Mais je pense que nous pouvons utiliser à bon escient les quelques semaines qu’il nous reste avant décembre pour clarifier les positions de certains États membres. »
À cette même conférence de presse, le vice-président de la Commission européenne chargé de l’euro, Valdis Dombrovskis, a rappelé la lettre adressée au gouvernement italien, affirmant que le projet budgétaire italien représentait un « dérapage non négligeable par rapport à la trajectoire d’ajustement » convenue avec ses partenaires européens.
Il a expliqué que la Commission demanderait des informations complémentaires dans un délai d’une semaine. Si Rome continue d’exclure tout ajustement, la Commission rendra un avis négatif dans deux semaines. Rome aurait alors trois semaines pour redéfinir son budget.
« Voici ce qu’il nous faut : un dialogue respectueux entre l’Italie et la Commission européenne », a conclu Donald Tusk.