La Commission donne son feu vert à la Croatie pour l’adoption de l’euro en 2023

Il pourrait bientôt célébrer la prochaine étape de l'intégration européenne de la Croatie : le chef de la Banque centrale croate Boris Vujčić célèbre l'adhésion de son pays à l'Union européenne (UE) en faisant sonner la cloche traditionnelle sur le parquet de la bourse allemande (DAX) à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, le 01 juillet 2013. [Boris Rössler (EPA)]

La Croatie remplit tous les critères économiques lui permettant de rejoindre la zone euro dès janvier 2023, malgré une inflation croissante, selon le rapport de convergence bisannuel de la Commission européenne, publié mercredi (1er juin).

De tous les pays de l’UE qui n’utilisent pas l’euro, la Croatie est actuellement le seul à remplir tous les critères de convergence, indique la Commission dans son rapport. À ce titre, la Commission propose l’introduction de l’euro dans le pays, ce qui en ferait le premier élargissement de la zone euro depuis la Lituanie en 2015.

« Aujourd’hui, la Croatie a fait un pas important vers l’adoption de l’euro », a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, affirmant que cela renforcerait à la fois l’économie croate et l’euro lui-même.

Le message a été bien accueilli en Croatie. « Nous sommes très fiers de ce succès et nous nous réjouissons de tous les avantages que cela apportera à la Croatie, tout en étant conscients de la responsabilité que cette adhésion implique », a déclaré le gouverneur de la Banque nationale croate, Boris Vujčić.

Tous les deux ans, la Commission européenne publie un rapport de convergence qui examine si les États de l’UE n’appartenant pas à la zone euro respectent les critères de convergence définis dans les traités de l’UE, à savoir la stabilité des prix, la viabilité des finances publiques, le caractère durable de la convergence et la stabilité du taux de change.

Dette publique et inflation

La viabilité des finances publiques est mesurée par le déficit public et la dette publique. Alors que les niveaux d’endettement avaient augmenté de manière spectaculaire pour atteindre 87 % du PIB pendant la pandémie de Covid-19 en 2020, ils étaient retombés à 80 % en 2021. La Commission a fait valoir que ces niveaux étaient en train d’évoluer à la baisse.

« Nous sommes assez confiants quant à la trajectoire budgétaire de la Croatie », a déclaré un haut responsable de l’UE.

En ce qui concerne la stabilité des prix, la Croatie a rempli le critère de justesse. Pour cela, le taux d’inflation moyen de la Croatie au cours de l’année écoulée ne devait pas dépasser de plus de 1,5 point de pourcentage le taux d’inflation moyen des trois « meilleurs élèves » de l’UE. Cette valeur de référence s’élevait à 4,9 % pour l’année comprise entre avril 2021 et avril 2022. Le taux d’inflation moyen de 4,7 % de la Croatie est donc resté de justesse sous le seuil.

Il est intéressant de noter que les deux pays présentant les taux d’inflation les plus bas, Malte et le Portugal, ont été considérés comme des cas à part et n’ont donc pas été inclus dans le calcul de la valeur de référence. S’ils l’avaient été, le taux d’inflation croate n’aurait peut-être pas pu remplir les conditions nécessaires.

« En ce qui concerne les cas exceptionnels, il est important qu’ils soient traités de manière raisonnable et cohérente », a déclaré un haut responsable de l’UE, qui s’oppose au soupçon selon lequel les chiffres auraient pu être manipulés pour favoriser l’adhésion de la Croatie à la zone euro.

L’argument du responsable est conforté par le fait que de nombreux rapports de convergence antérieurs excluaient également les valeurs exceptionnelles afin d’éviter toute distorsion des données. Néanmoins, cela montre que la Commission dispose d’une certaine marge de manœuvre dans sa façon de calculer les données qui déterminent si un pays peut rejoindre la zone euro.

Faibles risques liés au secteur bancaire

La crise de l’euro de ces dix dernières années a mis en évidence à plusieurs reprises les faiblesses structurelles de la zone euro, dans laquelle chaque État membre abandonne sa souveraineté monétaire.

Le « cercle vicieux de la banque et des émetteurs souverains », qui voit la détresse des grandes banques nationales et l’état des finances publiques se renforcer mutuellement, constitue un risque important pour l’économie.

Toutefois, un haut responsable de la Commission a fait valoir que ce risque n’était pas très pertinent pour la Croatie, car son système bancaire est dominé par de grandes banques d’autres États membres de la zone euro et non par des acteurs nationaux.

Malgré le message globalement positif de la Commission concernant l’adhésion de la Croatie à la zone euro, la Commission a déclaré qu’il restait des défis à relever dans ce pays, par exemple en ce qui concerne la qualité de la réglementation et la lutte contre la corruption.

La porte est ouverte

Tous les critères étant remplis, il ne reste plus que quelques dernières étapes politiques à franchir.

Les chefs d’État de l’UE devront donner leur accord politique à l’adhésion de la Croatie à la zone euro lors de leur sommet de la fin juin, et le Parlement européen votera un avis sur la question début juillet. Ce n’est qu’ensuite que les ministres des Finances de l’UE décideront officiellement d’autoriser l’adhésion de la Croatie à la zone euro, à la mi-juillet.

Si aucun contretemps politique ne survient pendant le processus, les Croates pourront commencer à payer en euros à partir de janvier 2023.

« Les préparatifs pratiques du passage de la kuna à l’euro sont déjà bien avancés », a déclaré le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni.

20 ans de l’euro : réussites et lacunes

Bien qu’officiellement introduit le 1er janvier 1999, l’euro est devenu une réalité tangible pour la plupart des Européens au 1er janvier 2002, lorsque les premières pièces et les premiers billets en euros ont été mis en circulation.

 

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